Après avoir ponctionné les bourses européennes de dizaines de milliards d’euros, l’UMTS pourrait ajouter de la déprime à la déprime...
Depuis le début, cette histoire sent le souffre. Dans la folie boursière de la période glorieuse des dotcoms, plusieurs Etats européens ont pensé pouvoir obtenir des petites fortunes des licences pour l’UMTS, ce système de transmission de données sans fil à haut débit. Sur le papier, tout allait bien : à l’heure où on claquait des centaines de millions pour des start-up sans aucun véritable avenir (merci Boo.com), on pouvait bien tabler en milliards pour une technologie dont les industriels attendaient (attendent ?) monts et merveilles.
Oui mais. Les opérateurs ne sont pas complètement fous. Ces sommes incroyables, ils ne les avaient pas. Et ils sont allés les chercher soit en bourse, soit auprès des banques.
Dans le premier cas, l’UMTS a ainsi permis d’accélérer le tarissement de la fontaine à cash " Bourse " : une fois les milliards envolés vers l’UMTS, il devenait très difficile pour d’autres entreprises de trouver sur le marché les centaines de millions dont elles pouvaient avoir besoin. Cet argent avait été purement et simplement " umtéisé ", avalé, par les mastodontes que sont les opérateurs de téléphonie.
Dans le second cas, les capacités d’endettement des groupes concernés ont été gravement atteintes, et ils sont aujourd’hui incapables de financer de nouveaux projets par emprunt (le banquier n’est plus d’accord).
La situation a, aussi, radicalement changé. La bourse s’est effondrée. L’UMTS a pris plusieurs années de retard pour des raisons techniques ou politiques parfois indépendantes de la volonté des opérateurs. Or l’économie a besoin d’une bonne relance. Bref, d’une injection de cash. L’observateur logique se dirait : 32,5 milliards multipliés par deux (Orange et Cegetel), cela fait une belle somme, une sacré piquouse d’argent frais pour passer des commandes, créer de l’activité... Le ministère de l’Economie, lui, pense à son budget dans lequel il a déjà dépensé une partie de cet argent. Dilemme. D’autant que Bercy a aussi dans ses préoccupations la relance de l’économie, tout en creusant au minimum le déficit.
Mais tout cela arrive trop tard. Le mal est déjà fait.
L’argent a déjà été ponctionné sur le marché.
C’était au moment du calcul de la facture de l’UMTS qu’il fallait être plus intelligent, et inventer un système de redevance pouvant à la fois éviter de massacrer le marché boursier, et de menacer à terme les fondamentaux des sociétés de service. Les dizaines de milliards d’euros ne reviendront pas sur le marché. Ni directement dans l’économie. Mercy Bercy. Mercy Cegetel et Orange, qui ont accepté le prix à l’époque. Merci d’avoir mis ce beau bordel. En plus, je suis sûr que, au bout du compte, vous vous mettrez d’accord pour que vous vous en sortiez tous avec les honneurs. La négociation, entre gens bien élevés dans les mêmes écoles, se terminera pas un repas, chez Le Doyen ou chez Guy Savoy. Et vous serez tous très contents.
Plus, en tout cas, que les petits boursicoteurs qui se demandent juste quand ils vont pouvoir un jour revoir la couleur de leur investissement. Plus que les jeunes sociétés à la recherche de capitaux qui font une croix sur leur développement, voire pour certains sur leur existence.
Sinon, rien à dire : c’est bon, chez Guy Savoy. Cher, mais bon...