L’OJD-Diffusion contrôle certifiera la fréquentation des sites à compter d’octobre 2001. Y gagnera-t-on en transparence ?
Fin février 2001, l’OJD-Diffusion contrôle, l’association chargée de vérifier la diffusion des quotidiens et magazines, annonçait avoir "certifié" sept outils permettant de réaliser les statistiques des sites web. Cette annonce marquait l’arrivée de l’OJD sur un terrain plus que flou (lire le dossier Mesures d’Audience). Depuis, si les logiciels ont effectivement été validés, personne ne les utilisait. Diffusion contrôle passe donc à la vitesse supérieure en ouvrant, en octobre prochain, un service de certification des données. Les sites s’inscrivent, payent fort cher (1 500 euros par an pour 45 000 visites par mois), utilisent un logiciel certifié et incluent dans leurs pages un tag (marqueur) OJD. Ce marqueur sera activé à distance une fois par mois pour une durée variant entre un et cinq jours, confie-t-on à Diffusion contrôle. Le fichier log généré par ce marqueur sera traité par un outil développé en interne (actuellement en test) par l’OJD et le résultat sera comparé avec la même journée traitée par l’outil du site. Si les chiffres sont similaires, les statistiques seront certifiées. En cas de fraude, "le tricheur sera exclu et un communiqué de presse sera publié en plusieurs langues", menace-t-on chez Diffusion contrôle.
Flou, obscurité et règles...
Que mesurera l’OJD ? Des visites. Et qu’est-ce qu’une visite ? Selon le CESP, il s’agit d’un "ensemble de pages vues sur un même site au cours d’une même session". Et par l’opération du Saint-Esprit du CESP, il se trouve que "la pratique courante considère qu’une absence de consultation de nouvelles pages sur ce site dans un délai excédant 30 minutes vaut pour fin de la visite". Pourquoi 30 minutes ? "C’est la règle", nous répond-on à l’OJD. Il n’y a pas à se demander pourquoi. Dès lors, on comprend aisément que pour le CESP "le nombre de visites ne doit pas être assimilé au nombre de visiteurs". Exemple : si vous consultez la page d’accueil de transfert.net avant d’aller regarder le journal de 20 heures et que vous revenez devant votre ordinateur après les nouvelles, vous serez comptabilisé comme deux visites. Merveille de la multiplication des petites visites... Merci encore à "la pratique courante" d’avoir décidé cela... De même, un utilisateur qui referme son navigateur et le rouvre génère deux visites. Bien entendu, il aurait été plus honnête de compter les adresses IP, les visiteurs, des sessions d’utilisation du site ou pire, les visiteurs uniques par tranches de 24 heures. Mais les chiffres des statistiques se seraient fatalement effondrés... Et bien plus que le plongeon qu’elles feront de toutes manières lorsqu’elles seront auditées par l’OJD. Ainsi, un site comme Caramail ou un site boursier, bourrés de "refresh", verront leurs stats reculer. Pourtant, rien ne dit que les logiciels certifiés permettront de déceler les robots chargeurs de pages qui créent des visites virtuelles. Par ailleurs, lorsque l’on sait que deux logiciels de traitement de logs donnent des résultats sensiblement différents pour le même site, il n’est pas inutile de s’interroger sur la différence qui apparaîtra forcément entre le logiciel de vérification de l’OJD et celui du site. "On a déjà fait converger l’écart de mesure, on essaiera d’expliquer pourquoi les résultats sont différents en adoptant une démarche scientifique", explique sans rire l’OJD. Le traitement des logs d’un site web n’a pourtant rien de scientifique. Cela tient plutôt du bricolage.