Où l’on apprend que les entreprises n’ont pas peur des pirates s’ils ne leur coûtent pas trop cher. Et que, plus que de cyberterrorisme, il serait convenable de parler de cyberdélinquance.
Internet Security Systems, multinationale de la sécurisation des systèmes
d’informations, organisait, lundi18 juin un dîner-débat intitulé
"Cybercriminalité,
Paranoïa ou réalité ?"
. Christian Harbulot (voir "La
France parle aux français" ) s’était désisté
au dernier moment, mais pas Daniel Martin (voir La
manipulation de l’information tient salon ), non plus que Jean Guisnel,
journaliste au Point et auteur de "Guerres
dans le cyberespace" , l’un des tous premiers ouvrages sur la question.
Prenant le contre-pied de ceux qui cherchent à noircir le tableau, afin
de renforcer l’arsenal judiciaire et policier, ainsi que le chiffre d’affaires
des sociétés de sécurité, le journaliste reprend pied
à pied les termes du débat.
"
Les pirates informatiques sont d’utilité publique
"
Alors que médias et professionnels confondent à l’envi les termes
"hackers" et "pirates", Guisnel rappelle d’emblée
que les premiers sont des experts, et les seconds des délinquants. Avant
d’enchaîner sur le fait que 80 % des actes de piraterie informatique émanent
de personnes travaillant au sein même des sociétés piratées.
Quant au virus ILOVEYOU, qui défraya la chronique et est systématiquement
accolé au terme "cybercriminalité", Guisnel rappelle qu’il
ne fallut jamais que 15 minutes aux éditeurs d’antivirus pour en venir
à bout. Et on sait aujourd’hui que MafiaBoy, accusé d’avoir piraté
plusieurs sites phares de la nouvelle économie américaine a occasionné
moins de dégâts que ceux qui lui furent imputées : les estimations
sont passées de 1,7 milliards de dollars à... 10 millions, chiffre
qu’il faudrait encore revoir à la baisse . Devant l’enflure des propos,
Guisnel préfère ainsi parler de "cyberdélinquance"
que de cybercriminalité : le degré d’atteintes aux biens et personnes
n’est pas le même, et il ne sert à rien de noircir le tableau. Poussant
la logique, le journaliste avance même que "les pirates informatiques
sont des agents d’utilité publique, ne serait-ce que pour les boîtes
de sécurité, qui voient ainsi leurs chiffres d’affaires grimper
en flèche."