L’audience prévue entre Eddy Laurent et la société Emmaüs HLM, qui l’accuse de diffamation, a été reporté au 2 juillet. Las, les débats ont commencé dans les couloirs...
Entre "Eddy Laurent", pseudo utilisé par l’ex-locataire de la rue des Caves à Sèvres, et Lise Cornillier, l’avocate de la société Emmaüs HLM qui l’assigne en justice pour diffamation, la discussion a bien eu lieu... Mais pas vraiment devant le juge. En retard d’une bonne heure, l’audience prévue dans le confortable cabinet de Jean-Jacques Gomez, a inévitablement commencé dans le hall d’accueil du public. D’abord entre Lise Cornillier et Florence Gibert, la jeune avocate d’Eddy Laurent, prévenue à la dernière minute par son client et qui tentait de rattraper un peu le cours des événements. "Quelle est la demande d’Emmaüs ? De quel site s’agit-il ?", etc. Des mises au point d’usage interrompues par l’arrivée d’une tribu hétéroclite (la compagne, les deux enfants, les parents et quelques amis) en file indienne derrière un Eddy Laurent bien décidé à relancer de débat sur le litige qui l’oppose depuis maintenant 15 ans à la société HLM Emmaüs. Et tandis que tout ce petit monde prend place sagement sur les bancs de l’accueil, l’homme entame la discussion avec l’avocate d’Emmaüs.
Vieilles histoires
Pour Eddy, le combat de la rue des Caves (Sèvres) continue. Forcé de quitter les locaux qu’il occupait depuis 20 ans, l’homme revendique toujours le respect de l’accord qu’il dit avoir conclu quelques années auparavant avec la société Emmaüs. Il s’agissait, pour les habitants des lieux, réunis au sein d’une association dont Eddy était le représentant, de réhabiliter eux-mêmes 300 logements du quartier du vieux Sèvres, en partenariat avec la société HLM, devenue propriétaire des lieux. Militant toujours infatigablement pour ce projet, avorté depuis déjà bien des années, Eddy compte bien profiter de la nouvelle tribune que lui offre indirectement Emmaüs HLM par son assignation en justice. "Je veux que Emmaüs respecte ces accords ou qu’il reprenne la négociation avec moi ou d’autres", assure Eddy. Michelle, sa compagne, ajoute : "Ou au moins que Emmaüs reconnaisse qu’ils ne se sont pas bien comportés en expulsant des gens il y a quelques années. C’est quand même contraire au combat de l’Abbé Pierre", clame t-elle. Un peu dépassée par le débat qui, pour elle, ressasse de "vieilles histoires".
Débrouiller le litige
L’avocate d’Emmaus HLM rappelle qu’elle est seulement là pour une affaire de diffamation sur un site internet. Sur ce sujet, Eddy n’a pas encore mis au point sa défense. Mais les arguments sont présents. "Ce n’est pas un site contrairement à ce qui est affirmé. Ce ne sont que quelques liens vers des pages, extraites d’une brochure papier que j’ai éditée en 1997. Les pages sont en ligne depuis déjà trois ans", assure t-il. Qu’importe : la société Emmaüs HLM a déjà fourbi ses armes. "Nous avons la preuve que le site a été réactualisé il y a deux mois. Nous avons assigné dans les temps pour qu’on ne puisse pas nous opposer le délai de prescription", assure, du côté de la société, l’assistant de Lise Cornillier. Sur ce point se sera au juge de débrouiller le litige. Il a d’ailleurs reporté l’audience au 2 juilllet 2001. Juste le temps pour que l’avocate d’Eddy Laurent ait, elle aussi, le temps d’affûter ses arguments.