NoSpoon est l’un des premiers journaux francophones open source. C’est-à-dire réalisé par les internautes eux-mêmes. Une nouvelle forme de journalisme popularisée par un site déjà institutionnel, Salshdot, et qui essaime dans le monde entier. Est-ce que le glas a sonné pour le journalisme traditionnel ?
Comment a commencé l’aventure NoSpoon ?
Nous étions en août 1999. Alexis Agahi et moi-même avions l’habitude de faire de la veille au quotidien, c’est-à-dire une revue de Web. Nous nous sommes dit : " Pourquoi ne pas en faire profiter les autres ? ". Nous l’avons appelé NoSpoon en référence à une phrase culte du film Matrix (" there is no spoon ") sur la subjectivité de notre perception du monde. Au départ, nous étions deux, aujourd’hui, nous avons 15 000 à 20 000 lecteurs par mois. Nous avons une dizaine de contributeurs en articles et 100 à 200 commentateurs. C’est une véritable communauté.
Quelle est la différence avec votre modèle, Slashdot ?
Sur Slashdot, les internautes sont triés sur le volet, il y a un système de modération très compliqué et il faut faire des remarques réellement pertinentes pour être publié. Nous sommes beaucoup moins nombreux, donc beaucoup plus ouverts. Et puis, nous avons pris le parti de ne pas laisser deux lignes de texte aux internautes, juste pour signaler une adresse, comme c’est le cas sur Slashdot : nous voulons laisser chacun donner son avis sur les choses.
Le fait d’ouvrir vos colonnes au premier venu ne vous a jamais posé de problèmes ?
Pas jusqu’à présent. Parfois, certains font des commentaires à côté, parce qu’ils n’ont pas bien lu l’article, mais ce n’est pas très grave. Sinon, nous recevons des choses plus qu’intéressantes.
Comment considérez-vous le journalisme " traditionnel " ?
Les journalistes font globalement un travail de qualité, mais ils évoluent dans une structure dépassée : ils écrivent sur plein de choses et, forcément, ils ne maîtrisent pas tous les sujets. Ils ne peuvent pas avoir une expertise technique sur l’ensemble de l’information, contrairement à nous, où chacun écrit sur ce qu’il connaît. Par exemple, pour l’actualité du prochain Star Wars, aucun journaliste ne pourra savoir autant de choses que 2 millions de personnes connectées à un site. On a lu n’importe quoi sur des dépêches d’agence concernant les virus IloveYou notamment. On s’est dit : " Cette info sur Slashdot, elle n’aurait pas fait long feu ! "
Mais est-ce que vous vous sentez journalistes ?
Nous produisons des informations, mais nous n’avons pas une démarche journalistique. En un mot : nous ne nous prenons pas pour des journalistes et nous ne voulons pas les remplacer. Les deux structures, traditionnelles et open source, doivent continuer à coexister
Avez-vous d’autres projets ?
D’ici à décembre, nous allons lancer Newsdeck, un logiciel qui permettra aux internautes intéressés de mettre en place leur propre site de contenu éditorial, et plus particulièrement des sites en open-source. Nous avons fait en sorte qu’il soit très facile de partager n’importe quel type d’informations entre nos futurs clients sur un réseau.