Les Démocrates américains s’autoproclament seuls défenseurs de la protection de la vie privée sur le Web. Un argument technologique de plus dans une campagne très cyber.
Les Démocrates ne se contentent pas de retransmettre leur convention en ligne, ils ont fait du Web leur nouveau cheval de bataille politique. Lors de la convention de leur parti, qui s’achève jeudi 17 août, ils n’ont pas hésité à se proclamer les seuls vrais défenseurs des données privées. Car dans la guerre que se livrent Démocrates et Républicains, à la veille des élections présidentielles américaines, le Web a pris une Net importance. Et chacun des partis alimente les débats à coup d’arguments technologiques destinés à gagner toujours un peu plus les faveurs des principaux acteurs du Réseau.
Un nouvel argument du catalogue de campagne
Les Démocrates ont récemment ajouté le thème de la protection de la vie privée au catalogue de leurs arguments de campagne. Lors de leur convention, plusieurs représentants démocrates ont défendu une position suivant laquelle "voter pour [leur] parti revient à voter pour protéger les données personnelles des consommateurs". Et de marteler, en toute simplicité : "Le parti démocrate est le parti de la vie privée." Ils peuvent, il est vrai, se prévaloir du soutien des principaux défenseurs de la protection des données personnelles, comme Evan Hendricks, le responsable du site d’information privacy.org. Forts de ces ralliements, ils accusent le Parti républicain de chercher à bloquer les projets de loi les plus protecteurs.
Les prétentions des Démocrates jurent pourtant avec la position flottante sur ce sujet de Joseph Lieberman, le colistier d’Al Gore pour les prochaines élections présidentielles. Lors de la convention, le candidat à la vice-présidence a déclaré que la surveillance électronique pouvait se révéler être un outil extrêmement puissant pour aider la police à combattre la criminalité. En 1995, Joseph Lieberman avait aussi déposé un amendement sur les écoutes téléphoniques, destiné à être intégré à un projet de loi sur la répression des terroristes. Il avait, à cette occasion, subi la critique du président (Républicain !) de la commission des lois du Sénat, notamment parce qu’il tendait à assimiler certains groupes de militants "activistes" à de potentiels terroristes.
Les partis courtisent la Silicon Valley
Dans cette guerre technico-politique, chaque parti a également adopté une approche personnalisée. Alors que les Républicains se sont concentrés, lors de leur convention, sur des thèmes comme la fiscalité, l’allégement de la réglementation pour les nouvelles technologies et la mise en avant de la lutte contre la pornographie en ligne, les Démocrates mettent l’accent sur la protection de la vie privée et rappellent leur volonté de connecter toutes les écoles à Internet. En revanche, aucun des deux partis n’adopte une position tranchée et officielle sur la question des taxes sur les ventes en ligne. La raison de cette indécision ? Le puissant lobby des industriels de la Silicon Valley. Courtisés par les partis qui font assaut de propositions alléchantes, ils s’amusent d’ailleurs ouvertement de voir les politiques de tout poil multiplier les pèlerinages en bus dans la vallée. Dans la valise électorale des Démocrates, on trouve pêle-mêle des propositions relatives à l’obtention de visas pour les travailleurs étrangers recrutés par le secteur, un contrôle de l’exportation des ordinateurs derniers cris et une politique fiscale adaptée... En novembre prochain, les vrais électeurs décideront du sort de ces promesses virtuelles.