Hong Kong envisage de réguler la presse et Internet pour interdire l’accès aux contenus obscènes et indécents. Une alliance d’internautes et de professionnels du Web s’oppose violemment à ce projet et hurle à la censure.
Bannir les contenus obscènes de son territoire et restreindre ceux qualifiés d’indécents aux seuls adultes. Voilà l’ambition avouée du gouvernement de la "région administrative spéciale" de Hong Kong, qui devait clore, lundi 19 juin, une consultation publique lancée en avril dernier, sur le contrôle d’articles obscènes et indécents (COIAO, Control of Obscene and Indecent Articles Ordinance).
Principale cible de cette initiative, la presse a largement couvert le débat et contesté ce qui apparaît à beaucoup comme une manœuvre de censure dans ce territoire rattaché à la Chine Populaire depuis 1997. En revanche, les acteurs de l’Internet, eux, sont restés relativement muets. Seul Free Net HK, un site lancé par une alliance d’internautes et de professionnels et hébergé aux ...tats-Unis, a tenté de répondre point par point à cette tentative de "co-régulation" du réseau des réseaux.
Hébergeurs co-responsables
Sous couvert de protéger les enfants, le projet gouvernemental ressemble étrangement à ce qui se passe depuis le 1er janvier 2000 en Australie, seul pays industrialisé à avoir à ce jour décidé de censurer l’accès à Internet. À Hong Kong, pays phare de la nouvelle économie du sud-est asiatique, les fournisseurs d’accès à Internet seraient ainsi tenus de donner à leurs clients des outils de filtrage et de bloquer l’accès à tout contenu "obscène", qu’il soit hébergé localement ou à l’étranger. Les hébergeurs, quant à eux, seraient considérés comme co-responsables des publications qu’ils accueillent sur leurs serveurs. Toutefois, aucune poursuite ne serait engagée s’ils n’étaient pas au courant de la publication de contenu litigieux...
Fantasmes du gouvernement
Pour Free Net HK, cet arsenal entraverait bien sûr le libre accès à Internet mais aussi le développement de l’industrie high-tech. Enfin, il ternirait l’image du territoire. Pour un représentant du collectif, l’opération est d’autant plus surprenante que Hong Kong s’affiche comme un pays "libre" d’un point de vue économique (pas, ou peu, de régulation gouvernementale) mais également cinématographique. Et si la nudité est bannie à la télévision, la pornographie y est cependant en vente libre. Pour Free Net HK, tout ceci relèverait des fantasmes du gouvernement plus que d’une réelle préoccupation de la population.
Urgence à réguler
Le plus étonnant est de trouver dans le document soumis à consultation les résultats des deux seules études menées à ce jour par le gouvernement. Toutes deux concluaient... qu’il n’y avait pas urgence à réguler. Menée en 1996, la première estimait qu’il y avait de toute façon peu de chance de tomber par hasard sur du matériel offensant (à moins d’aller le chercher) et qu’une telle régulation ne pourrait jamais intervenir qu’à l’échelle internationale. Le gouvernement de Hong Kong a visiblement choisi de donner l’exemple.