Julien Chambaud

C’est un retournement de tendance spectaculaire. Le portail américain Yahoo ! - l’une des rares entreprises (très) profitables de la netéconomie - a prévenu, mercredi 7 mars, lors d’une conférence de presse surprise, que les résultats pour le premier trimestre 2001 seraient presque catastrophiques. Le chiffre d’affaires atteindrait au mieux entre 170 et 180 millions de dollars, au lieu des 232 millions prévus. Surtout, les bénéfices fondent comme neige au soleil puisque Yahoo ! parviendrait tout juste à l’équilibre. Ce n’est pas une correction, c’est une claque magistrale et le prestige du site le plus visité au monde s’en trouve largement écorné. Yahoo ! - qui revendiquait en décembre 180 millions de visiteurs uniques pour 900 millions de pages vues - affichait pour l’année 2000 un chiffre d’affaires de 1,11 milliard de dollars et 290,9 millions de dollars de bénéfices !

Tim Koogle démissionne

Les mauvais chiffres annoncés ce mercredi - qui s’expliquent principalement par l’effondrement du marché de la publicité aux ...tats-Unis - ont conduit Tim Koogle à démissionner du poste de directeur général de Yahoo !, qu’il occupait depuis 1995. C’est lui qui avait conduit l’introduction en Bourse de la société, en avril 1996. Tim Koogle, 49 ans, conserve son titre de président et Yahoo ! a confié à un cabinet le soin de recruter à l’extérieur de l’entreprise un nouveau directeur général - si possible venu du monde des médias - afin "d’insuffler un peu d’air frais" au sein de l’équipe dirigeante.

L’action continue de plonger

La sanction boursière ne s’est pas fait attendre. L’action Yahoo ! qui avait déjà perdu 91 % de sa valeur depuis le 3 janvier 2000 - date de son apogée à 237,5 dollars - a chuté à moins de 18 dollars dans les échanges suivant la clôture du Nasdaq, mercredi soir. L’action se retrouve ainsi à un niveau proche des cours de septembre 1998... Conséquence, la capitalisation boursière de l’entreprise a fondu de 100 milliards de dollars en janvier 2000 à seulement 10 milliards de dollars (environ 70 milliards de francs) aujourd’hui. L’entreprise de Santa Clara (Californie), qui emploie un total de 1 992 personnes dans une trentaine de pays du monde, dispose encore d’une trésorerie que lui envient bien des dot-com : 1,7 milliard de dollars, soit environ 12 milliards de francs. Forte de cette puissance financière, elle annonce d’ailleurs qu’elle procédera dans les prochains mois à un rachat de ses propres actions pour un montant de 500 millions de dollars. Une façon, artificielle, de soutenir son cours de Bourse.