Le portail indépendant est l’un des derniers médias en ligne à annoncer son plan de restructuration, après des résultats en baisse.
Moins 400 jobs dans la netéconomie. Après NBCi (filiale interactive de la chaîne de télé de General Electric), AOL Time Warner, et nombre d’autres médias en ligne, c’est au tour de Yahoo de licencier. Douze pour cent des effectifs à travers le monde seront touchés par la restructuration. Jeudi 12 avril, les 78 salariés de Yahoo France n’étaient pas encore informés de leur sort en début d’après-midi
Mauvais résultats mais acceptables
Le plus célèbre des portails indépendants vient d’annoncer des pertes, pour la première fois depuis 1998 : 11,5 millions de dollars (plus de 80 millions de francs) pour le premier trimestre 2001. Le chiffre d’affaires, 180,2 millions de dollars (1,3 milliards de francs) est en baisse de 21 %. L’action a perdu 2 cents (15 centimes), alors qu’elle avait rapporté 11 cents ( 75 centimes) lors du trimestre correspondant de l’année dernière.
Les analystes, alertés en mars dernier par un profit warning, n’ont pas été surpris. Ils s’attendaient en moyenne à des bénéfices légèrement supérieurs. Mais la diminution du chiffre d’affaires a été moins lourde que prévue. De plus, certains analystes conseillent d’acheter du Yahoo, car les causes de la déconfiture du portail sont conjoncturelles - et devraient donc disparaître avec ladite conjoncture. C’est à dire avec la chute des revenus publicitaires, liée aux faillites de dotcoms et à la défiance envers le média Internet.
Le piège du modèle publicitaire
Yahoo a décidé d’envoyer un message de rigueur aux marchés en procédant à des licenciements qui devraient permettre d’économiser 40 à 60 millions de dollars (280 à 420 millions de francs). Pour sauver sa peau, le portail va surtout devoir accélérer le changement du modèle économique, encore trop dépendant de la publicité. Déjà, Yahoo tente de miser sur des annonceurs traditionnels et bien portants, afin de ne plus dépendre des sous des dotcoms.
Ensuite, les recettes de commerce électronique devraient augmenter, avec les commissions prélevées pour présenter des produits sur la chaîne " Yahoo shopping ". Les marchands de pornographie y sont admis. Ils paient plus cher que les autres pour figurer sur le portail, mais au moins ils ont droit de cité. Ce n’est pas le cas sur AOL et MSN. Ces derniers se contentent de mettre des liens vers les sites X, mais ils ne font pas de vente en ligne. L’accord récent passé avec Duet, le site de distribution de musique online de Vivendi et Sony, augure d’une diversification ultérieure des sources de revenus de Yahoo.
Encore faut-il que Yahoo trouve le temps de se retourner. Simultanément au profit warning, le P-DG Tim Koogle a annoncé sa démission. La responsable des opérations internationales Heather Killen quittera l’entreprise en juin prochain. Plusieurs cadres ont fait défection chez Yahoo ces dernières semaines. Pour revenir à l’équilibre avant la fin de l’année, conformément aux plans annoncés par la direction, il va falloir remobiliser le personnel... Les licenciements ne sont pas la meilleure méthode.