George T. Shaheen, qui a quitté l’entreprise il y a un mois, continuera de percevoir un salaire annuel de 375 000 dollars jusqu’à la fin de ses jours, voire au-delà.
En pleine déconfiture des dotcoms, l’épicier en ligne américain Webvan s’apprête à faire un effort salarial sans précédent envers un de ses anciens employés, révèle le quotidien en ligne CNet. Cet employé chanceux n’est autre que George T.Shaheen, ancien président de l’entreprise, démissionnaire depuis un mois et remplacé depuis par Ronald D.Fisher. George Shaheen continuera donc de percevoir un salaire annuel de 375.000 dollars (2,8 millions de francs). Cette somme correspond très précisément à la moitié de ce qui lui était versé avant son départ, à savoir 500.000 dollars de revenus et 250.000 dollars de primes. « Je suis très fier du rôle que j’ai joué dans le lancement de l’activité pionnière de Webvan », confiait Shaheen le jour de l’annonce de son départ. Le voici donc récompensé pour ce rôle.
Dispositif social innovant ?
Mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui âgé de 58 ans, Shaheen percevra ces 375 000 dollars annuels jusqu’à la fin de ses jours. Mieux, s’il venait à décéder avant son épouse, c’est elle qui se verrait verser cette somme jusqu’à sa mort. Reste à inventer la terminologie idoine pour ce type de dispositif social innovant : pension de réversion, salaire posthume, salaire éternel ? Reste, aussi, une question : Shaheen mérite-t-il tant d’égards ? Les résultats de l’entreprise ne plaident guère en sa faveur. Quelques jours après son départ, Webvan annonçait une perte de 86,1 millions de dollars pour le premier trimestre 2001, supérieure au chiffre d’affaires (77,2 millions de dollars) et supérieure aux pertes du premier trimestre 2000 (75,4 millions de dollars). En manque de liquidités, menacée de radiation de la cote du Nasdaq - le marché américain des valeurs de croissance -, Webvan a dû renoncer à ses plans de développement et fermer des boutiques. Conséquence, depuis février dernier, 1 105 salariés ont été remerciés de l’entreprise, ou s’apprêtent à l’être. C’est moins original que le salaire à vie, et ça porte déjà un nom : rationalisation.