Vodafone envisage de devenir majoritaire au capital de Japan Telecom. Pour mieux contrôler J-Phone, sa filiale de téléphonie mobile.
Vodafone a confirmé dans un communiqué daté du lundi 16 septembre
être en négociations pour augmenter sa participation dans Japan Telecom,
en accord avec le conseil d’administration de ce dernier. Le britannique
détient déjà 45% de l’opérateur japonais, et
envisage de prendre 21,7% supplémentaires. Des négociations sont
donc en cours avec East Japan Railway - deuxième actionnaire de Japan Telecom
avec 15,2 % du capital - qui pourrait céder les deux tiers de sa participation.
Le reste des titres pourrait provenir d’une offre publique d’achat amicale
lancée par Vodafone International Holdings, Japan Telecom étant
coté à la Bourse de Tokyo. Le montant total de l’opération
dépasserait les 15 milliards de francs.
J-Phone dans la dot
Si les négociations aboutissent, Vodafone, qui est déjà
le plus grand opérateur mondial de téléphonie mobile, prendrait
ainsi d’un seul coup le contrôle de Japan Telecom et de J-Phone, sa
filiale (détenue à 54%) de téléphonie mobile. Au Japon,
J-Phone se classe en troisième position derrière NTT DoCoMo (qui
a capté 60 % du marché grâce à l’i-Mode) et KDDI.
Mais l’écart avec ce dernier se réduit progressivement et les
analystes s’accordent à dire que Vodafone accentuerait les efforts
pour le dépasser.
" Je dirais qu’il y a de bonnes chances pour que les négociations aboutissent
", se mouille Joseph D’ Virgilio, analyste spécialisé
dans les télécoms pour la Société Générale
à Londres. Les investisseurs ont bien accueilli la nouvelle des discussions,
le cours de Vodafone gagnant près de 4 % à Londres aujourd’hui,
et celui de Japan Telecom enregistrait une hausse de 4,1% , tandis que l’indice
Nikkei perdait lui 5,1%. L’opération ne serait pourtant pas exempte
de risques.
" En devenant majoritaire, Vodafone aurait certes un meilleur contrôle
de la direction des opérations au Japon, mais serait également bien
plus exposé si la stratégie mise en place ne donnait pas les résultats
escomptés ", rappelle Joseph D’ Virgilio. La prudence de
cet analyste s’explique par sa spécialisation sur le marché
des obligations. " Vodafone totalise déjà plus de 150 milliards
de francs de dettes, et cette opération en ajouterait au moins 7 milliards,
car vu le cours de Vodafone en bourse, l’acquisition des parts dans Japan
Telecom se fera probablement en cash ", explique l’analyste. La
détérioration des ratios financiers qui s’ensuivrait pourrait
alors conduire à une révision à la baisse de la notation
de Vodafone par les agences Moody’s et Standard & Poor’s".
Pas d’urgence pour Vodafone
L’opérateur britannique n’a cependant pas le couteau sous
la gorge. Si l’opération se concrétise, il pourrait décider
de vendre les activités de téléphonie fixe de Japan Telecom.
Cette solution, dans la ligne de sa stratégie de spécialiste des
télécommunications mobiles, contribuerait à réduire
l’endettement du groupe. L’autre option serait une introduction en bourse
du pôle de téléphonie mobile J-Phone. " Vu les conditions
du marché, je ne pense pas que cela soit réellement envisageable
avant au moins un an ", tempère Joseph D’ Virgilio. Idem
pour la vente de la partie téléphonie fixe. Rien de grave pour Vodafone,
qui peut encore se payer le luxe d’attendre, contrairement à ses concurrents
Deutsche Telekom et France Telecom, mis sous pression par les investisseurs en
raison d’un endettement jugé excessif.