mis à jour le 17 avril à 16h18
Le ballet médiatique autour du rachat d’Universal Music par Apple a pris un nouveau tour, mercredi 16 avril. Dans une interview, Claude Bébéar, membre du conseil d’administration de Vivendi Universal, a confirmé l’intérêt du constructeur américain pour la branche musique de VU, avant de démentir ses propos quelques heures plus tard.
Quelques heures plus tard encore, c’était au tour de Steve Jobs, le PDG d’Apple, de nier avoir fait une offre pour racheter Universal Music. Mais, le leader d’Apple, par le Financial Times, a confirmé être en négociation avec VU et n’a pas exclu l’idée que son groupe fasse une offre dans les prochaines semaines...
Aux journalistes de l’agence Bloomberg, le fondateur et président du conseil de surveillance de l’assureur Axa avait confirmé, comme l’avait affirmé le LA Times la semaine dernière, qu’Apple était bien en négociation pour racheter le N°2 de l’industrie musicale, pour un montant de 6 milliards de dollars.
Apple "fera probablement une offre pour la division musique pour environ 6 milliards de dollars", aurait précisé Bébéar, avant d’ajouter qu’Apple n’était pas seul sur les rangs : General Electric, qui possède la chaîne NBC, Viacom Inc., et John Malone, le dirigeant de Liberty Media, sont, selon lui, "tous intéressés" par un rachat.
Mais quelques heures plus tard, via un communiqué de Vivendi Universal, Bébéar niait les propos rapportés par Bloomberg.
En fin d’après-midi, une source présentée par Dow Jones Newswires comme proche de Vivendi Universal, ajoutait un peu plus à la confusion : l’entreprise de Jean-René Fourtou aurait demandé à Apple de faire une offre avant le fin du mois d’avril.
Ces va-et-vient médiatiques soulignent l’importance de la cession d’Universal Music pour VU. Ce dernier, qui était au bord de la faillite l’année dernière, a promis l’année dernière à ses investisseurs de vendre pour 7 milliards d’euros d’actifs. Les activités divertissement sont en première ligne.
Apple serait-il trop bonne poire ?
Les propos puis le démenti de Bébéar interviennent à un moment où VU essaye de faire monter les enchères. Selon Bloomberg, l’administrateur de VU estime que les candidats au rachat seraient prêts à payer "dans les 10 milliards de dollars."
A ce tarif, Steve Jobs, le PDG d’Apple, pourrait avoir les yeux plus gros que le ventre. Les analystes s’inquiètent en effet de voir l’entreprise dépenser ses 4,4 milliards de dollars de cash et se retrouver obligé d’emprunter. Mercredi 16 avril, Apple a annoncé un chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre 2003 d’1,475 milliard de dollars (-1% par rapport à la même période de 2002). Des résultats conformes aux attentes des analystes. La société a cependant annoncé un bénéfice net en chute de 65% et le titre a perdu 1,12% au NASDAQ.
Depuis l’annonce faite par le quotidien LA Times la semaine dernière, le titre Apple baisse en bourse, quand celui de VU monte.
Dans cette affaire, les analystes voient pour Apple le moyen de pallier la faiblesse de sa demande en migrant vers le marché de la musique en ligne, notamment grâce au lecteur mp3 iPod.
Ce mouvement stratégique pourrait être réalisé à moindre frais : Steve Jobs serait en discussion avec VU pour acquérir les droits du catalogue d’Universal Music, pour un montant de 1,5 milliard de dollars seulement, selon le Wall Street Journal du lundi 14 avril. Ces droits de licence seraient destinés à étoffer l’offre d’un service de musique en ligne qu’Apple compte lancer dans les prochaines semaines, toujours selon le Wall Street Journal.
Le rachat d’Universal Music suscite un ballet de communication stratégique, pour l’instant orchestré par les dirigeants de Vivendi Universal.
Pour semer un trouble encore plus grand, VU a même courtisé Microsoft, toujours selon le Wall Street Journal. Aussi intéressé dans la musique en ligne, le géant de Redmond observe pour l’instant les entrechats de ses concurrents. Mais avec sa puissance financière unique, il pourrait facilement entrer dans la danse.