Une équipe américaine est en train de scanner la cathédrale de Beauvais en trois dimensions. Un premier pas pour la sauver de la décrépitude.
La cathédrale Saint-Pierre, à Beauvais (Oise), sauvée par les Américains et les nouvelles technologies ? Il va falloir se montrer patient, mais l’initiative d’une équipe de l’Université de Columbia de New York, constitue une première étape vers des travaux de rénovation. Steven Murray, historien de l’architecture et amoureux de la cathédrale à laquelle il a consacré un ouvrage (" La cathédrale de Beauvais : une architecture de la transcendance ", Princeton University Press, 1989), s’est associé à Peter Allen, un ingénieur ayant développé une machine capable de scanner en trois dimensions.
Reconstitution virtuelle
Steven Murray a commencé par obtenir du Fonds Mondial des Monuments_ une organisation non gouvernementale basée à New-York_ que la cathédrale Saint-Pierre soit inscrite sur la liste des cent monuments les plus menacés au monde ?, classification qui a (tout juste) permis de financer un premier séjour d’une dizaine de jours à Beauvais en juin dernier. " Cela nous a permis de scanner 50 à 60 % de l’intérieur de la cathédrale ", explique à Transfert Steven Murray. Le principe est simple : un rayon laser balaie la surface des murs sur une hauteur maximale de 50 mètres, par tranches de un millimètre. La précision de l’outil permet de ne pas simplement enregistrer une forme, mais de retranscrire en partie l’agencement des pierres formant le bâtiment. En effet, " l’écho " capté par le laser (le signal de retour) est différent selon la matière scannée, et le laser est donc capable de repérer les interstices entre les pierres, pour peu que ceux-ci soient suffisamment larges.
Projet de longue haleine
Pour parachever le travail de relevé tri-dimensionnel, Peter Allen et Steven Murray espèrent revenir à Beauvais en juin 2002. " Il nous manque toute la partie supérieure de la nef ", détaille Steven Murray. Une fois cette étape bouclée, il restera alors à enrichir la reconstitution virtuelle de la cathédrale par toutes les informations disponibles sur la structure et les matériaux du monument. " Ensuite seulement nous pourrons animer le modèle ", prévoit Murray. Pour comprendre ce qui a pu causer l’effondrement de la partie supérieure de la cathédrale en 1284. Et aider à trancher le différent qui anime le microcosme français de la restauration des monuments historiques sur les causes de la fragilité de la cathédrale Saint-Pierre et les moyens d’y remédier. Rendez-vous en 2003 (au plus tôt) pour un début de réponse.