Plus de 10 000 boursicoteurs ayant misé sur WorldOnline au moment de son introduction en Bourse se sont regroupés pour déposer une plainte. Celle-ci concerne plusieurs acteurs : outre le fournisseur d’accès à Internet, sont visés ABN Amro et Goldman Sachs (les banques chargées d’organiser l’entrée en Bourse), NS Telecom ainsi que les fonds d’investissement Reggeborgh et Mallowdale.

Une introduction en Bourse catastrophique

Petit retour en arrière. En mars 2000, WorldOnline s’introduit à la Bourse d’Amsterdam au cours de 43 euros. L’échec est cinglant, puisque le titre s’effondre d’entrée de jeu. Nina Brink, la présidente de WorldOnline, est en mauvaise posture. Pire, on apprend que, peu de temps avant l’introduction, elle avait vendu environ deux tiers de ses actions dans la société pour six euros chacune ! Et c’est cela que les petits porteurs reprochent au fournisseur d’accès et à ses banques conseils. " Cette information ne figurait pas clairement dans le prospectus d’introduction en Bourse distribué aux particuliers, alors qu’elle était susceptible de changer leur décision d’investissement ", s’insurge Fimkivam Groemewout, de l’association de petits porteurs VEB.

Des négociations non abouties

Or, en achetant des titres Worldonline à 43 euros, les actionnaires ont perdu environ 37 euros par action détenue ! Au total, les 10 000 plaignants s’étaient portés acquéreurs de près de 4 millions d’actions. Soit une perte globale de l’ordre de 150 millions d’euros. Dans la plainte qu’ils ont déposée, ils réclament 220 millions de florins de dédommagement (100 millions d’euros). " Nous contestons catégoriquement que l’accusation de dissimulation d’informations soit fondée ", déclare Margaret van Kempen, porte-parole du fournisseur d’accès. L’année dernière, déjà, les mêmes actionnaires avaient fait connaître leurs revendications lors des assemblées d’actionnaires. " Nous avons brièvement négocié avec eux ", reconnaît Margaret van Kempen. Pour s’éviter le désagrément d’une procédure judiciaire longue et coûteuse ainsi que la publicité négative induite, WorldOnline a proposé une compensation totale inférieure à 5 millions d’euros. " Ils ont récolté 1,8 milliard de dollars grâce à cette introduction en Bourse, ils devraient avoir honte d’avoir émis une telle proposition ", s’étrangle presque Fimkivam Groemewout. Pas de doute, la confrontation s’annonce tendue. Mais elle risque de traîner en longueur. En juillet seulement les parties se retrouveront au tribunal pour une première confrontation. Le véritable procès, lui, pourrait au plus tôt se dérouler à l’automne.