Le 7 septembre, le chirurgien français Jacques Marescaux a opéré avec succès, depuis les ...tats-Unis et via un robot, une malade située à Strasbourg.
"Une mutation technologique et culturelle phénoménale." Mercredi 19 septembre, Jacques Marescaux, chirurgien français, ne cachait ni sa joie ni son enthousiasme en évoquant son exploit. Le 7 septembre dernier, il a opéré, depuis New York, une patiente située au CHU de Strasbourg. Celle-ci, qui semble se porter comme un charme, n’a pas eu peur de se prêter à cette première. "En arrivant dans la salle d’opération, j’ai aperçu la tête du professeur Marescaux sur un écran, explique-t-elle. Je lui ai fait un petit coucou, j’avais totalement confiance." Une telle opération n’avait encore jamais eu lieu. Jusqu’à présent, les chirurgiens pratiquaient du "télémonitoring" : ils assistaient, à distance, un confrère lors d’une opération. Mais lors de l’intervention transatlantique, judicieusement baptisée "opération Lindbergh", c’est la totalité de l’opération qui s’est effectuée à distance.
Instruments chirurgicaux virtuels
L’acte chirurgical, une ablation laparoscopique de la vésicule biliaire, a duré 45 minutes. Cette intervention simple, qui présente néanmoins parfois des risques, était réalisée sous forme "mini-invasive". Basée sur l’introduction d’une minuscule caméra dans le corps du patient, cette méthode ne nécessite qu’une très petite incision du malade. Elle permet de pratiquer des interventions à la fois précises et "propres". À New York, le professeur Marescaux manipulait des instruments chirurgicaux virtuels. Il effectuait ses gestes en fonction de l’image du corps de la patiente qui apparaissait sur un écran. Ses mouvements étaient retransmis, via une liaison sécurisée, jusqu’à Strasbourg. Ils guidaient le robot-chirurgien qui opérait la patiente en France. La voix du professeur Marescaux était également transportée, sur IP, de l’autre côté de l’Atlantique. En France, une équipe médicale se tenait prête à intervenir en cas de panne de liaison.
Opérer partout dans le monde
Outre la distance record entre le chirurgien et le patient, cette opération présentait une autre particularité : son coût, excessivement élevé. "C’est l’ablation de la vésicule biliaire la plus chère au monde", a déclaré Jacques Marescaux. Si le montant global n’a pas été dévoilé, on connaît tout de même le prix du robot - 1 million de dollars - et celui de la liaison. Celle-ci, une liaison sécurisée d’un débit de 10 Mégabits/seconde, est évaluée à 150 000 dollars par les responsables de France Télécom chargés de cette mission. Une somme justifiée, selon le professeur Marescaux, par les conséquences que cette première va entraîner sur la chirurgie du futur. On sait déjà qu’un chirurgien de l’université de Stanford, convaincu par ce succès, projette de relier les différents hôpitaux universitaires de la région de San Francisco. De ce côté-ci de l’Atlantique, le professeur Marescaux espère lui aussi relier des universités européennes et américaines. "Ce n’est pas un scoop, mais une profonde mutation, affirme-t-il. Demain, des chirurgiens spécialisés et compétents pourront opérer à distance, quel que soit l’endroit du monde où ils se trouvent."
Le site de France Télécom:
http://www.francetelecom.com
Le site du professeur Marescaux:
http://www.websurg.com
Le site de Computer Motion, le fabricant du robot:
http://www.computermotion.com/