Une jeune informaticienne fait campagne en ligne pour devenir gouverneur de Californie
Georgy Russell
aime les logiciels libres et la politique. A 26 ans, cette ingénieure informaticienne est candidate démocrate pour le poste de gouverneur de Californie, mis au suffrage le 7 octobre prochain. Face au gouverneur sortant Gray Davis ou au candidat républicain Arnold Schwarzenegger, elle propose un programme "libéral" et souhaite promouvoir Linux. Pour sa campagne, Georgy Russel utilise massivement internet, qui lui a permis de lever des fonds et de créer un certain engouement.

Si elle était élue, Georgy Russel serait à la fois la première femme gouverneur de Californie et le plus jeune candidat à accéder au poste (DR)
Georgy Russell, une jeune Américaine résidant près de Palo Alto en plein coeur de la Silicon Valley, a tout de "l’ingénieur informaticien" : diplôme d’informatique de la renommée Université de Berkeley et passage dans une start-up, pour finalement se trouver un emploi plus stable comme informaticienne chez le poids lourd du stockage informatique Veritas. Elle est aussi admiratrice de Linus Torvald, le célèbre créateur de l’environnement libre Linux.
C’est par son ambition atypique que Georgy Russell se démarque de ses collègues informaticiens : elle veut devenir le prochain gouverneur de l’Etat de Californie. Ce serait un double exploit : ce poste très convoité n’a jamais été attribué à une femme et l’élu qui détient le record de précocité avait déjà 31 ans.
Comme elle, 134 autres candidats rêvent de prendre la place de Gray Davis. Parmi eux, de nombreux aspirants atypiques : Arnold Schwarzenegger, acteur multi-millionnaire, Gary Coleman, star déchue depuis sa présence dans la série Arnold et Willy, Larry Flynt, propriétaire du magazine érotique Hustler, Ariana Huffington, célèbre chroniqueuse de la vie politique ou encore Michael Jackson... pas le chanteur, juste son homonyme.
Communautés virtuelles et vrais strings
Comment faire pour défendre ses chances face à ces mastodontes médiatiques ? Georgy Russell en est convaincue, la réponse se trouve dans internet. "Par l’intermédiaire de leurs sites web, les candidats peuvent s’adresser au consommateur ’moyen’ des médias, et promouvoir directement leurs idées aux électeurs", affirme-t-elle.
Des nouveaux moyens de communications, "Georgy" en use, voire en abuse. Elle possède bien sûr son propre blog, un site personnel qui, d’après elle, est lu quotidiennement par 10 000 lecteurs. La candidate donne des interviews collectives, comme le 20 août dernier quand elle a répondu aux questions des lecteurs du site de référence des technophiles américains Slashdot. Elle s’ancre aussi dans des communautés virtuelles. Parmi celles-ci, on trouve There.com, un site proposant aux internautes de camper des personnages en 3D évoluant dans des univers en ligne. Plus prosaïquemment, Georgy vend en ligne des t-shirts et des strings imprimés "Georgy for California Governor".
Jusqu’à présent, passer par le réseau a plutôt réussi à Georgy Russel. C’est sur internet qu’elle a annoncé sa candidature et c’est également sur le net qu’elle a réussi à collecter les 3 500 dollars de dons nécessaires pour la valider. Son site commence à fédérer les individus. Depuis peu, Mark Swindell, expert financier du comté californien d’Orange, lui offre bénévolement son aide.
"Le plus important est d’utiliser l’internet comme outil de discussion et comme générateur de nouvelles idées, ce que ne font pas les quelques autres candidats qui disposent d’un site web, explique Georgy Russell. Beaucoup d’entre eux appliquent des méthodes classiques d’une campagne en ligne et ont recours par exemple aux spams et aux pop-ups."
Sexe, drogue et open source
Malheureusement, Georgy Russell n’a pas beaucoup d’expérience en politique. Tout juste mentionne-t-elle ses "nombreuses années de militantisme contre la peine de mort". La jeune informaticienne ne s’en fait pas pour autant et retourne même l’argument : "Mon manque d’expérience peut être mon atout"
"Je ne vois pas la politique comme les millionnaires ou les politiciens. Ces derniers courent derrière les sondages mais refusent de prendre position sur des questions polémiques, dénonce Georgy Russel. Ce manque de courage n’est pas la marque d’un bon leader."
Du courage, Georgy Russell en a. Son programme électoral prône par exemple la légalisation de la marijuana, l’abolition de la peine de mort et l’autorisation des mariages homosexuels. Des sujets que "beaucoup de Californiens seraient prêts à accepter, sauf les politiciens", estime-t-elle.
En défenseur de l’open source, la candidate démocrate promet par exemple d’introduire davantage les logiciels libres à l’école, parce "qu’ils sont d’excellents outils d’apprentissage et développent la créativité". Georgy Russel promet aussi de tenter de contraindre les lobbies des majors du disque et du film, RIAA et MPAA, à "cesser leurs attaques sur les citoyens et à les faire adopter des modèles économiques plus appropriées en ligne".
Sans doute atypique, Georgy Russell n’est pourtant pas battue d’avance. L’actuel gouverneur Gray Davis, affaibli par sa mauvaise gestion économique, risque de ne pas être réélu. Mais le célèbre "Schwarzy", en tête des sondages, subit actuellement le poids de ses prises de position politiques passées, déterrées par ses adversaires. Et Georgy Russel a récemment fait savoir que des alliances seraient en cours de négociation entre elle et les autres candidats démocrates. Elles seraient à l’avantage de l’informaticienne, benjamine de ces élections.