Avec 43,8 % des suffrages sur 317 000 votants, Harry Dean remporte aujourd’hui la "primaire en ligne" lancée le 24 juin par MoveOn.org, un site de référence de la gauche américaine, lancé en 1998, qui revendique 1,4 million d’abonnés pro-démocrates. Le vainqueur de cette consultation sans précédent devrait bénéficier du soutien de MoveOn.org lors des primaires officielles du parti démocrate, qui débuteront en janvier 2004. Un soutien non négligeable, qui devrait se traduire par une enveloppe d’une vingtaine de millions de dollars, recueillis auprès des adhérents du site.
A travers leur initiative, les créateurs de MoveOn expliquent vouloir "redonner la parole aux militants de base". Sur leur site, on peut lire : "La plupart du temps, les caciques des partis, les sondeurs et les gros pourvoyeurs de fonds déterminent le résultat des élections primaires bien avant qu’elles n’aient effectivement lieu". MoveOn.org a été créé en 1998 par deux entrepreneurs californiens pour soutenir Bill Clinton, alors empêtré dans l’affaire Lewinsky.
Chacun des neufs candidats aux primaires démocrates a pu transmettre aux 1,4 million d’abonnés de MoveOn un e-mail présentant son programme politique et répondre ensuite à une interview en ligne. Cette pré-campagne virtuelle n’a pas manqué de susciter une polémique entre les états-majors des présidentiables démocrates, preuve que la démarche de MoveOn est suivie avec le plus grand sérieux.
Selon le Washington Post, plusieurs candidats soupçonnent MoveOn de rouler pour Harry Dean, le vainqueur. Ce dernier, ancien gouverneur du Vermont, est l’un des rares candidats démocrates à s’être prononcé contre la guerre en Irak. Or la moitié des membres actuels de MoveOn a adhéré au site au début de l’année 2003, au moment où il menait campagne avec force contre l’intervention de l’armée américaine.
En 2000, lors des précédentes élections, MoveOn avait démontré sa capacité à récolter des fonds auprès des internautes, dans un pays où l’immense majorité du financement politique provient de grandes entreprises. MoveOn avait alors pu récolter 13 millions de dollars afin de financer les campagnes de candidats démocrates.