Combien de petits secrets dans les millions de fiches de l’ex-police secrète est-allemande ?
Des étudiants du département informatique de l’université technique de Munich ont mis au point un programme baptisé "E-Jigsaw" (puzzle, en anglais) pour recoller les morceaux des archives papier déchirées par la Stasi, la police secrète de l’ex-République démocratique allemande (RDA).
Les dossiers que la Stasi pensait avoir détruits (DR)
Dès la chute du Mur de Berlin en novembre 1989, les responsables de la Staatssicherheitsdienstes (Stasi) entament la destruction des archives de cette police politique. Rapports, compte-rendus d’enquêtes, fiches de renseignement, listes d’agents, rémunerations versées, etc. sont ainsi déchirés en morceaux jusqu’à la réunification des deux Allemagne en octobre 1990.
Une tâche pharaonique
17 000 sacs contenant chacun près de 2 000 pages coupées en morceaux ont été confiés à un organisme fédéral chargé du dépôt des archives de la Stasi. Depuis 1995, une équipe de 25 personnes travaille à réunir les bouts de ces documents, à la main. Une tâche pharaonique : il a fallu huit ans pour traiter le contenu des 300 premiers sacs...
En septembre 2000, une vingtaine d’étudiants munichois ont décidé d’investir leur temps libre pour leur venir en aide. Leur idée : développer un programme capable de reconstituer automatiquement un document déchiré à partir de l’image scannée de ses chutes.
"Les motivations n’étaient pas politiques, simplement scientifiques, précise Angelika Steger, l’enseignante en informatique qui a encadré le projet des étudiants.Nous voulions montrer que sur le principe, ce procédé de restauration des pages est possible. C’était un projet assez drôle..."
Présenté en démonstration le 20 mai dernier, le procédé E-Jigsaw utilise deux scanners : l’un pour les gros morceaux, qui représentent 80 % du total et un autre pour les petites chutes. Ensuite, le logiciel, qui allie reconnaissance de caractères et analyse des formes et contours, tente de recoller les morceaux par paires.
5 à 7 ans de travail
Avec leur prototype, Angelika Steger et ses étudiants seraient parvenus à réassembler les quelque 20 000 bouts de papier contenus dans un sac en une semaine. Ce fastidieux puzzle prendrait un an à un homme travaillant à la main.
Avec ce procédé, qui, selon Angelika Steger, n’est pas encore opérationnel à grande échelle, cinq à sept ans de travail seraient nécessaires pour restaurer les quelques 16 700 sacs de données restants. Les petits secrets de la Stasi ne le resteront pas très longtemps...
La présentation du procédé E-Jigsaw:
http://www.ejigsaw.de
Le département informatique de l’université technique de Munich:
http://www.informatik.tu-muenchen.d...