Animaux et végétaux ont une signature biologique de 650 lettres. Infalsifiable.
A l’heure de la biologie moléculaire et de la reconnaissance biométrique, les noms latins qui servent à classer les espèces biologiques risquent d’être bientôt remplacés par des codes-barre génétiques. Un chercheur canadien propose un système de classification des animaux et des végétaux basé sur une courte séquence ADN. Cette technique permet d’identifier en quelques minutes, et sans erreur, n’importe quelle espèce vivante parmi les 1,7 million connues.
A l’exception des jumeaux et des clones, chaque être vivant possède un ADN qui lui est propre. Ecrit avec un alphabet de 4 lettres, cet ADN peut être représenté comme une séquence unique, une signature, de plusieurs millards de lettres. Paul D. N. Hebert et son équipe du départmement de zoologie de l’université de Guelph, au Canada ont montré qu’une très courte fraction de cet ADN suffit à identifier l’espèce de chaque individu.
Long de 650 bases (les lettres du code génétique, NDLR), ce fragment d’ADN correspond à un gène (COI, pour "cytochrome oxydase I") qui est présent chez toutes les espèces vivantes, de la paramécie à l’ornithorynque. Toutefois, COI est un gène qui mute très souvent, et les chercheurs ont constaté que chaque espèce possédait une variante unique. En identifiant la séquence de ces variantes, ce qui est assez facile avec les techniques d’analyse de la biologie moléculaire, on peut donc identifier l’espèce.
Empêcher les nuisibles de nuire
Dans un article publié dans Proceedings of the Royal Society, une revue scientifique anglaise dont les articles sont revus par un comité de lecture, Hebert affirme que sa méthode est fiable à 99,9999% ! Elle peut être mise en oeuvre à partir d’échantillons de tissu biologique, même en très petite quantité.
Comme l’analyse des empreintes digitales ou de l’iris de l’oeil, cette méthode permet d’identifier une espèce plus rapidement et plus précisément qu’avant, sans avoir à étudier toutes ses caractéristiques anatomiques ou physiologiques, ainsi que les biologistes devaient le faire jusqu’alors.
La méthode de classification de Hebert permettra de suivre l’évolution de populations entières, notamment de certains insectes ou algues nuisibles. Cette technique intéresse aussi des institutions aussi prestigieuses que le National Museum of Natural History de la Smithsonian Institution à Washington. En effet, alors que les biologistes pensent que moins de 10% des espèces vivantes sont répertoriées, elle pourrait permettre de nommer les 90% restantes.
Barcoding Life, un site pour en savoir plus sur le code-barre biologique (Hebert):
http://www.barcodinglife.com/
L’article de Hebert publié dans la revue Proceedings of the Royal Society:
http://www.pubs.royalsoc.ac.uk/proc...
"Barcoding animal life", l’article de Hebert en .pdf (université de Guelph):
http://www.uoguelph.ca/~phebert/pdf...