Un chercheur détourne la TMS, une méthode controversée de traitement des maladies mentales
L’Australien Allan Snyder stimule le cerveau de ses étudiants avec des électrodes pour les rendre plus malins
Mise au point en 1985, la technique de la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) consiste à stimuler le cerveau à l’aide d’électrodes placées à la surface du crâne pour guérir des patients atteints de certaines maladies mentales. Cette méthode suscite à la fois intérêt et critiques de la part des spécialistes en psychiatrie. Tandis que certains y voient un traitement thérapeutique prometteur, d’autres doutent de son efficacité. De son côté, Allan Snyder, chercheur australien, est persuadé que la TMS peut améliorer les capacités intellectuelles de chacun d’entre nous...
La stimulation magnétique transcrânienne consiste à appliquer, à la surface du crâne, sur des zones cérébrales spécifiques, une sonde qui génère un champ magnétique basse fréquence. Cette méthode a été créée dans le but d’explorer le système nerveux. Après avoir constaté qu’elle était capable de modifier la libération de substances chimiques spécifiques du cerveau comme la sérotonine ou la dopamine chez l’animal, certains chercheurs la testent pour traiter des maladies où ces substances interviennent : dépression, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), schizophrénie, maladie de Parkinson.
Une paralysie du bras guérie en 12 semaines
C’est le cas d’une équipe de chercheurs du département de psychiatrie de l’université d’Ulm en Allemagne, dont les travaux ont été publiés dans le numéro de septembre de Psychotherapy and psychosomatics. Après 12 semaines de séances quotidiennes de stimulation magnétique transcrânienne, les scientifiques sont pavenus à guérir un patient âgé de 20 ans souffrant d’une paralysie hystérique du bras droit.
Mais, si la TMS suscite des espoirs pour traiter, non seulement ce genre de symptôme, mais aussi d’autres maladies, elle souffre encore d’imperfections. "Si nous étudions notamment les applications de cette méthode au traitement de la dépression, nous poursuivons nos recherches sur les nombreux éléments techniques à mettre au point, comme son niveau de précision", souligne Carlos Schönfeldt, le directeur de l’équipe d’Ulm.
D’autres spécialistes se montrent encore plus sceptiques vis-à-vis de la TMS : deux rapports récents basés sur l’analyse des travaux menés, à travers le monde, sur le traitement de la dépression ou des troubles obsessionnels compulsifs par la TMS, n’ont pas conclu à une efficacité particulière de cette technique.
Instruire... à décharge
De son côté, Allan Snyder, chercheur de l’Université de Sidney, est non seulement persuadé que la TMS agit de manière favorable sur le cerveau de sujets atteints de certaines maladies, mais il pense aussi qu’elle peut être utilisée pour améliorer les capacités intellectuelles de tous.
Il a créé le Center for the Mind pour expérimenter les effets de la TMS sur l’amélioration des performances en dessin par exemple, ou sur les capacités à résoudre des phénomènes complexes comme certains problèmes mathématiques.
Bien que les résultats scientifiques tardent à venir, Allan Snyder n’hésite pas à se faire prendre en photo - et à publier ces clichés en ligne - en compagnie de célébrités comme le dalaï-lama, Nelson Mandela, ou Oliver Sacks, neurologue-écrivain (auteur notamment de L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau).
C’est d’ailleurs à la lecture de ce livre, qui rapporte notamment des cas d’autisme dûs à des lésions cérébrales, qu’Allan Snyder a eu l’idée d’agir sur le cerveau pour en améliorer certaines capacités.
Convaincu que, comme l’autisme, le génie vient d’une perturbation de certains circuits neuronaux, cet étrange professeur aurait essayé de rendre plus intelligents des dizaines de ses étudiants en les faisant passer sous son appareil à TMS, le "Medtronic Mag Pro".
En juin dernier, il a même tenté de prouver à une journaliste du New York Times que son appareil, qui selon elle ressemble à un sèche-cheveu en cloche des années 50, pouvait améliorer sa manière de dessiner.
Après avoir branché son "Medtronic Mag Pro" sur la tête de la journaliste, il lui a demandé de représenter des chats. Après plusieurs stimulations électriques, ils ont observé la série de félins dessinés par la journaliste. Et ont constaté que le vingtième chat était vraiment plus "réussi" que le premier. Reste à prouver que ces performances sont liées à la TMS...
Le département psychiatrie de l’université d’Ulm:
http://www.uni-ulm.de/klinik/psychi...
Résumé du rapports d’analyse sur les essais dans le monde relatifs au traitement TMS dans la dépression:
http://www.cochrane.org/cochrane/re...
Résumé du rapports d’analyse sur les essais dans le monde relatifs à la TMS dans les troubles obsessionnels compulsifs:
http://www.cochrane.org/cochrane/re...
Le centre pour l’esprit d’Allan Snyder:
http://www.centreforthemind.com