Une équipe de scientifiques américains a mis au point un antigel destiné, notamment, à protéger les récoltes. Le produit est une version de synthèse d’une protéine produite par un poisson des régions polaires.
Pour résister à la température des eaux polaires, des poissons de la famille des téléostéens, vivant en Arctique ou en Antarctique, ont développé une substance appelée glycoprotéine antigel (ou AFGP). Connue du monde scientifique depuis plusieurs années, l’AFGP était étudié pour ses caractéristiques originales. Elle empêche en effet la cristallisation de l’eau, ce qui évite la formation de cristaux de glace dans les organismes. Cristaux qui, s’ils apparaissent, détruisent les cellules et endommagent de façon irrémédiable les tissus. Publiées dans le numéro de septembre/octobre de la revue scientifique Bioconjugate Chemistry, les recherches de l’équipe du docteur Robert Ben, de l’université de New York, si elles n’expliquent pas totalement le mode de fonctionnement de l’AFGP, démontrent que l’on peut la synthétiser en grande quantité. "Fournir une quantité importante était le principal problème, parce qu’obtenir la protéine à partir de poisson était extrêmement long et coûteux comme méthode", explique Ann Oliver, chercheuse à l’université de Californie, dans un article du New Scientist. Si la protéine produite de façon synthétique n’est pas la copie exacte de l’AFGP, elle a conservé la propriété d’inhiber la formation de glace.
Conserver les tissus humains
Les applications potentielles sont nombreuses, et c’est l’agriculture qui pourrait en premier lieu en profiter. Les scientifiques de l’université de New York expliquent qu’il suffit de pulvériser la protéine synthétisée au-dessus des cultures pour les protéger du froid. Cela permettrait également de cultiver certaines variétés de plantes dans les pays froids, là où il était, auparavant, impossible de le faire. Parmi les autres applications de cette protéine antigel, les chercheurs pensent à la conservation de tissu humain. Les organes comme le cœur ou le rein doivent être transplantés très vite, faute de pouvoir les conserver à une basse température qui abîmerait les cellules et les vaisseaux sanguins. "Les applications évoquées sont très significatives et un grand pas en avant a été fait dans la fabrication de telles protéines. Nous pensons que c’est incroyablement prometteur, et ce pour nombre d’autres applications", explique le docteur Robert Ben dans les colonnes de la BBC News.