Carnivore, la boîte noire du FBI, soulève un tollé de critiques outre-Atlantique. Même Janet Reno, la ministre américaine de la Justice, s’est lancée dans l’arène.
À en croire le site du FBI, qui a reconnu qu’une vingtaine de ses boîtes noires étaient opérationnelles, "Carnivore permet d’intercepter de façon ’chirurgicale’ les communications de ceux qui sont sous le coup d’un mandat tout en ignorant celles que nous ne sommes pas autorisés à intercepter." Installé directement chez les fournisseurs d’accès, Carnivore permet de scanner tous les mails entrants et sortants pour mettre de côté ceux qui vont, ou viennent, de telle ou telle cible préalablement identifiée. Mais plutôt que de mettre ladite cible sur écoute, comme cela se passe pour les écoutes téléphoniques par exemple, Carnivore "sniffe" les adresses mails de l’expéditeur et du destinataire ainsi que le sujet des messages afin de distinguer ceux qu’il va isoler, et qui seront par la suite téléchargés, pour lecture et analyse, par le FBI.
Faites-nous confiance…
"Le FBI nous dit : ’Faites-nous confiance, nous ne violons la vie privée de personne.’ Avec tout le respect que nous lui devons, nous préférons vérifier cela par nous-mêmes", écrit Barry Steinhardt, directeur adjoint de l’American Civil Liberty Union (ACLU), une organisation de défense des libertés civiles les plus importantes aux ...tats-Unis. Jugeant Carnivore en contradiction avec la loi sur les écoutes et interceptions électroniques et allant à l’encontre du contrat de confiance qui lit un provider à ses clients, l’ACLU a demandé à des membres du Congrès de bien vouloir se pencher sur la question. L’association a également écrit au FBI pour qu’il rende public, comme l’autorise la loi, le code source du programme, ainsi que toute "lettre, correspondance, enregistrement sonore, notes, données, mémos, mail, manuel et spécifications techniques".
Une menace pour la vie privée ?
Earthlink, l’un des plus gros providers américains, vient de refuser d’installer Carnivore sur ses serveurs. Une précédente version s’était avérée incompatible avec son système informatique et avait causé plusieurs interruptions de service pour nombre de ses clients, plus un plantage en règle du serveur. Janet Reno, interrogée lors de son allocution hebdomadaire, a dû se prononcer sur la question : "Je veux simplement m’assurer que les intérêts industriels, privés et pénaux seront pleinement pris en compte et que Carnivore ne représente pas pas d’inquiétudes pour la sphère privée, a-t-elle dit. Actuellement, je l’examine afin de m’assurer qu’il y a équilibre entre les droits de chaque Américain et les nouvelles technologies." La semaine dernière, le quotidien anglais The Register révélait que le FBI avait invoqué les risques dus au bug de l’an 2000 pour passer outre les formalités administratives nécessaires à toute interception électronique, et mettre ainsi sur écoute nombre de ses concitoyens. Ceci, bien évidemment, dans la plus parfaite illégalité.
http://www.fbi.gov/programs/carnivore/carnivore.htm
http://www.fbi.gov/programs/carnivo...
http://www.theregister.co.uk/content/6/11874.html
http://www.theregister.co.uk/conten...
http://www.aclu.org/news/2000/n071400a.html
http://www.aclu.org/news/2000/n0714...