Les groupes Suez-Lyonnaise des Eaux et Telefónica Moviles ont annoncé le retrait de leur candidature pour une licence UMTS en France. Il ne reste que trois candidats... pour quatre places.
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Dans un communiqué de presse, le français Suez-Lyonnaise et l’espagnol Telefónica Moviles ont annoncé qu’ils ne présenteraient pas leur candidature pour une licence UMTS. "
Les deux groupes considèrent que les prix des licences ne reflètent pas la situation du marché. La tendance des prix des licences UMTS déjà attribuées en Europe a démontré une baisse régulière ces derniers mois, comme on peut le constater dans le résultat des enchères en Autriche, en Italie et en Suisse. En Pologne, l’appel d’offres n’a pas attiré assez de candidats et la procédure a été annulée. Par ailleurs, les investisseurs ont revalorisé les coûts du secteur des mobiles et les banques ont alerté la communauté financière contre les risques de la téléphonie mobile."
Prix mortel
Il ne devrait donc plus y avoir le 31 janvier, date butoir pour le dépôt des dossiers, que trois candidats pour les quatre licences disponibles. Le seul nouvel entrant dans la téléphonie mobile s’est éjecté de lui-même, sans doute effrayé par les perspectives de plus en plus sombres tracées par les analystes de l’UMTS. Notamment, celles de Forrester Research. Restent donc en lice France Télécom, Vivendi et Bouygues, dont le patron a déjà déposé une plainte auprès de la Commission européenne en juin dernier, critiquant le prix "mortel" des licences françaises. L’Autorité de Régulation des Télécommunications (ART) va-t-elle revenir sur ce tarif de 32,5 milliards de francs pièce ? Nous avons tenté de joindre l’ART, qui a refusé de commenter. "Ils sont trop bêtes pour changer, s’irrite Bruno Salgues, auteur d’un ouvrage de référence sur la téléphonie mobile (1). S’ils l’avaient fait, on aurait eu plus de candidats. Pensez donc ! Ils étaient 45 au départ. Il y avait tous les grands opérateurs européens."
Les étrangers mis à la porte
Selon le chercheur, le gouvernement et l’ART n’ont eu de cesse de mettre des bâtons dans les roues des concurrents étrangers. En imposant, par exemple, une licence nationale. La plupart des étrangers auraient préféré une licence régionale, pour n’avoir à couvrir que les zones frontalières. De même, l’incertitude sur le régime fiscal des opérateurs UMTS a découragé les entreprises qui n’avaient pas déjà un solide réseau pour le lobbying en France. Deutsche Telekom a jeté l’éponge. NTT DoCoMo de même. Puis les autorités de régulation ont senti le vent tourner. Cela faisait déjà un certain temps que Suez-Lyonnaise/Telefonica menaçait de se désengager. Le président de l’ART, Jean-Michel Hubert, se serait déplacé en personne au Japon pour supplier NTT DoCoMo de reconsidérer sa candidature, de revenir en France ! De toute façon, le délai pour le dépôt des dossiers est maintenant bien court. Cela ne faisait déjà pas très sérieux d’avoir quatre candidats pour quatre licences, mais avec trois candidats pour quatre licences, on frise le tragi-comique.
(1) Les Télécommunications mobiles, Bruno Salgues, éditions Hermès, 1997.