La construction du réseau UMTS allemand entre dans sa phase concrète. Les opérateurs téléphoniques d’outre-Rhin promettent une arrivée sur le marché pour l’été 2002. Mais c’est sans compter avec la résistance croissante de milliers d’Allemands qui s’insurgent contre l’installation de 50 000 nouvelles antennes.
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Une ombre plane sur le développement du réseau de téléphonie mobile allemand de la troisième génération(UMTS). Sous la pression populaire, les opérateurs téléphoniques et les pouvoirs publics pourraient bien être obligés de réviser leurs belles prévisions. En effet, dans le sud et l’ouest de l’Allemagne, on relève une résistance croissante des citoyens et des communes à l’installation de nouvelles antennes de transmission. Actuellement, le réseau allemand compte environ 50 000 antennes. Et le développement des réseaux UMTS suppose la mise en place d’environ 50 000 antennes supplémentaires. Dans les villes, il n’est pas rare d’avoir des relais tous les 400 mètres. Dans les campagnes, il est fréquent de retrouver les antennes au sommet des églises. Jusqu’à présent, l’installation n’avait guère posé problème, la présence d’une antenne apportant à la paroisse ou au propriétaire concernés un loyer annuel supplémentaire allant jusqu’à 10 000 marks (40 000 francs).
Les citoyens contre l’elektrosmog
Cette époque est révolue. En février dernier, l’église protestante de Westphalie (Bielefeld, Münster), a interdit la pose d’antennes sur les 1 000 églises qui tombent sous sa juridiction. Motif : "l’elektrosmog", c’est-à-dire les champs électromagnétiques générés par les communications téléphoniques, pourraient avoir des effets nocifs sur la santé des paroissiens. Pour la même raison, le cardinal munichois Friedrich Wetter, a déclaré les antennes UMTS persona non grata dans les clochers des églises bavaroises. Les tribunaux administratifs des régions de Hesse (Francfort) et de Bade-Würtemberg (Stuttgart), rendaient, eux, la demande d’un permis de construire obligatoire pour toute installation d’antenne. "Nous représentons ou soutenons près de 600 initiatives locales contre la pose de nouvelles antennes. Jusqu’à présent, celles-ci étaient surtout implantées dans le sud-ouest de l’Allemagne, mais le mouvement commence à prendre de l’ampleur dans le nord et à l’est du pays", explique Barbara Eidling de l’association "Bürgerwelle" (littéralement l’onde citoyenne). Créée il y a quatre ans pour dispenser des informations sur les effets de l’élektrosmog, l’association bavaroise a été à la tête de la résistance contre le développement des réseaux UMTS. D’autres les ont rejoints. Plusieurs ONG environnementales sont désormais à leurs côtés et notamment le BUND, la section allemande de "Friends of the Earth", (Les amis de la terre), présents dans toutes l’Allemagne avec près de 2 000 groupes locaux.
Les médecins se saisissent du dossier
Pour Barbara Eidling, qui habite non loin d’une antenne et souffre de fréquents maux de tête, les effets nocifs de l’elektrosmog sont prouvés : "Les ondes agissent sur les cellules et peuvent même provoquer des cancers. Des études médicales sérieuses l’ont prouvé et il y a de plus en plus de plaintes contre les sociétés téléphoniques à ce sujet", certifie- t-elle. ...videmment, les opérateurs téléphoniques ne sont pas du même avis. Pour Karsten Menzel, responsable de la protection du travail chez E-Plus, les champs magnétiques produits par les communications téléphoniques sont insignifiants, comparés à ceux produits par les émetteurs de télévision et de radio : "Un groupe de recherche sur le sujet a été créé en 1992 par les sociétés de téléphonie mobile. Jusqu’à présent, près de soixante études ont été publiées sur le sujet. Le résultat est clair : il n’existe aucun indice prouvant que les émissions téléphoniques nuisent à la santé." Pour l’instant, la question n’est pas tranchée, mais le problème est suffisamment sensible pour que l’Ordre fédéral des médecins ait décidé de s’y intéresser. En mai prochain, les commissions de la Santé et de l’Environnement du Bundestag, la représentation nationale allemande, ont également inscrit le sujet à l’ordre du jour.
Catastrophe financière à l’horizon
Cette résistance fait peser une menace sur les projets des opérateurs UMTS. "Jusqu’à présent, nous n’avons pas pris suffisamment au sérieux les peurs des citoyens vis-à-vis de cette nouvelle technologie. Nous devons travailler activement sur le sujet", déclarait récemment Kai-Uwe Ricke, le président de T-Mobil. L’affaire est d’autant plus sensible que le ministère de l’Environnement planche actuellement sur la question de la puissance des émetteurs des futurs réseaux UMTS. Le BUND et les initiatives locales font pression pour obtenir des fréquences les plus basses possibles, afin de réduire les dangers pour la santé. Mais des puissances d’émissions faibles obligeraient les opérateurs téléphoniques à installer plus d’antennes. Une véritable catastrophe financière : une installation unique peut en effet atteindre 300 000 marks (1 200 000 francs). Si le réseau UMTS allemand parvient à démarrer, comme prévu, dans le courant de 2002, il aura l’allure d’un véritable gruyère et ne couvrira qu’une maigre partie du territoire allemand. La couverture totale ne devrait être atteinte qu’à la fin de la décennie. Alors, l’UMTS deviendra peut-être un investissement rentable. À moins, qu’il n’ait été, d’ici là, supplanté par une autre technologie de transmission moins coûteuse.