Devenu rapidement célèbre dans le petit monde de la nouvelle économie grâce à son humour décapant, le site Vakooler met mal à l’aise les start-ups en quête d’argent frais en annonçant leur déconfiture. To Luna voulait porter plainte contre Vakooler pour diffamation. Avant d’abandonner cette idée. Une démarche qui aura été complètement contre-productive. Explications.
Il n’y a plus grand monde travaillant dans le secteur des start-ups qui ne commence sa journée par un détour sur Vakololer.com. Ce site agrège toutes les informations sur la nouvelle économie. Enfin, plutôt sur l’économie des start-down... Vakooler commente également l’actualité. Jeudi matin, le site affiche une brève concernant To Luna. Cette start-up tente de créer une communauté de surfeurs. L’idée est de voir les internautes échanger des commentaires sur les produits qu’ils consomment. Le concept étant peu rémunérateur, To Luna vend des études aux entreprises dont les produits sont notés par les internautes. Tant que les internautes travaillent, la start-up aussi...
Dans cet article, Vakooler explique que To Luna est à bout de souffle. Qu’une nouvelle levée de fonds est urgente. Que l’ambiance dans l’entreprise est très mauvaise. Que des factures restent impayées. Bref, le quotidien de pas mal de start-ups... Jeudi, To Luna , qui n’apprécie pas cette publicité en pleine période de levée de fonds, fait appel au cabinet Gide Loyrette Nouel - on dépense son argent comme on peut. Celui-ci envoie un courrier à l’hébergeur de Vakooler l’enjoignant de fermer immédiatement le site et de révéler les coordonnées des auteurs du site. Le célèbre cabinet d’avocats annonce également des poursuites dans le cas contraire.
Boule-de-neige
En accord avec son hébergeur, Vakooler décide donc d’arrêter le site jeudi 7 décembre. Le serveur est remis en ligne le jour suivant : l’information litigieuse n’y figure plus, et les animateurs du site proposent à To Luna de publier un droit de réponse. Dans le même temps, le Journal du Net mettait en ligne un article qui enfonçait le clou. Confirmant à peu près les affirmations de Vakooler... Vendredi, au sein de To Luna, les dirigeants répondent aux journalistes qui cherchent à comprendre le sens de leur action. En début de journée, on parle clairement de diffamation et de procédure dans ce sens. Mais To Luna n’a jamais évoqué l’idée de s’attaquer au Journal du Net qui avait pourtant publié des informations similaires à celles de Vakooler... Vendredi soir, la PDG, Thuyly Lê, faisait le tour des rédactions pour expliquer : "on souhaite un droit de réponse, que cette conversation s’arrête là et que l’on reste en bons termes. Il n’y aura pas de procédure". Tout le monde l’espère car Vakooler n’est pas une entreprise, mais un groupe d’amis. Il leur sera donc plus dur de s’offrir les services d’un cabinet d’avocats tel que Gide... Quoi que... Certains hommes de loi avaient déjà, dans la coulisse, offert leurs services plus ou moins gracieusement.
Points de discorde
L’information publiée par Vakooler parlait de licenciements (l’entreprise compterait désormais 10 salariés contre 30 à un certain moment), de procédures aux prud’hommes, de chiffre d’affaires inexistant, de factures impayées. Pour Alexandre Audier, "directeur éditorial" et co-fondateur du site, "ces informations sont soit fausses, soit déformées". Il avance "un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliers de francs" qui s’expliquent par "la vente de dix études payantes ainsi que des revenus publicitaires". Pour les factures "on est à jour, on joue sur la trésorerie, comme toute entreprise classique". Thuyly Lê précise pour sa part qu’il y a aujourd’hui chez elle 18 salariés dont 17 en CDI.
Le chiffre de 30 personnes évoqué dans la brève de Vakooler est un chiffre officiel avancé par To Luna en août dernier.
Enfin, Thuyly Lê explique à Transfert que To Luna n’a pas demandé la fermeture du site Vakooler. Ce qui est faux.
Mais oublions les détails... L’important est que l’affaire se règle finalement à l’amiable. N’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, avec cette histoire et cette menace de procès, le site To Luna s’est fait une contre-publicité terrible. Une demande de droit de réponse dès le début aurait sans doute été une meilleure approche...