Des chercheurs américains veulent créer un minuscule robot-mouche d’à peine un dixième de gramme pour des opérations d’exploration spatiale ou de sauvetage.
 ©UC Berkeley MFI Project |
Le vol de la mouche est la passion et le vaste sujet d’étude de Michael H. Dickinson. Sur sa page personnelle, ce chercheur de l’université de Californie à Berkeley présente le système de contrôle en vol de l’insecte comme "
probablement le plus sophistiqué de tous les animaux volants, d’un point de vue aérodynamique". Navigant sans complexes de l’ingénierie à la neurobiologie, le scientifique est l’inspirateur d’un projet mené dans la même université par Ron Fearing : la création d’un robot-mouche (
robofly) mesurant 2 centimètres et pesant à peine un dixième de gramme.
Missions de sauvetage
À terme, l’équipe de recherche compte fabriquer un insecte artificiel volant qui coûterait une dizaine de dollars. Le projet est financé à hauteur de 500 000 dollars par an par la Défense américaine. L’idée consiste à multiplier les roboflies et de confier des missions à un essaim entier, missions d’exploration spatiale par exemple (la grande tendance de tous les labos de robotique américains qui comptent séduire la Nasa pour les prochaines visites sur Mars), ou de sauvetage, après un tremblement de terre par exemple. Imaginez des centaines de mouches se faufilant dans les gravats pour repérer les survivants... Et si quelques robots-mouches se perdent en route, le dommage est négligeable et la mission est maintenue.
Vision et stabilisation inspirées du vivant
L’idée est séduisante, mais la réalisation de longue haleine. Première étape : la fabrication du corps miniature. Dans un article de Wired, Michael Dickinson concède que "c’est comme faire des origamis [petits pliages japonais, NDLR]. En fait, nous découpons les formes au laser dans de l’acier et nous les assemblons selon des formes compliquées." Les jonctions sont réalisées avec du polyester, et les muscles sont taillés dans un matériau piézo-électrique, qui a la propriété de se déformer sous l’action d’un courant électrique. Le projet en est encore à ses débuts, et il n’existe pas encore de prototype volant. Car à supposer que les chercheurs parviennent à construire une mouche artificielle dont l’aérodynamisme est satisfaisant, l’étape de l’alimentation en énergie sera critique. Car pour faire battre les ailes de la bestiole à 150 mouvements par seconde, il faudra bien embarquer une mini-batterie, complétée par des cellules photo-électriques pour la recharger dès que le soleil est au rendez-vous. Il faudra ensuite étudier la stabilisation en vol. Pour se diriger, les roboflies seraient dotés d’un capteur optique et d’un gyroscope, tous deux directement inspirés des organes dont les vraies mouches se servent pour s’orienter. Quant à savoir sous quelle forme la mouche fera son rapport de retour de mission, la solution n’est pas tranchée...