C’est la rumeur de la semaine. Le géant hispano-américain Terra Lycos serait en discussion pour prendre le contrôle de deux entreprises américaines : Earthlink, un fournisseur d’accès à Internet, et CNet, le portail d’informations californien spécialisé dans les nouvelles technologies. Les cours des deux proies potentielles ont fait un bond sur le Nasdaq, le marché des valeurs technologiques. " Nous ne commentons pas ce type d’information ", se contente-t-on de dire chez Terra Lycos. Pas le moindre mot de commentaire non plus du côté d’Earthlink ou de CNet. Une source confie à Transfert, sous couvert d’anonymat, que " si des discussions ont lieu entre ces groupes, il n’y a rien à en attendre à court terme. " D’autres sources, citées par l’agence Reuters, avancent la date de la fin de l’été pour l’éventuelle signature d’un accord.

CNet, la bonne cible

Si Terra Lycos ne commente pas les rumeurs concernant CNet ou Earthlink, l’entreprise a bien fait savoir cette semaine, à l’occasion de la présentation de ses comptes trimestriels ,que des acquisitions étaient en vue. " Terra Lycos est déjà l’un des sites les plus populaires au monde, mais il vise la place de numéro un des médias en ligne, observe James Macaonghus, analyste chez Jupiter MMXI. Pour y parvenir, il lui faut renforcer sa présence aux ...tats-Unis et améliorer son contenu. " Les éventuels rachats de Cnet ou de Earthlink s’inscrivent dans cette ligne, mais avec deux logiques radicalement opposées. Dans le premier cas, le contenu de CNet permettrait à Terra Lycos d’étoffer son offre de services à ses abonnés existants (7 millions dans 42 pays). " CNet est une bonne cible. C’est un site un peu spécialisé, mais dont on connaît très bien le profil des utilisateurs, souligne James Macaonghus. Et ça, c’est important pour un média dont les revenus sont fortement dépendants de la publicité. " Inversement, la prise de contrôle d’Earthlink - site très généraliste - conduirait à un simple empilement d’audiences. Cette logique avait déjà prévalu à l’automne dernier, lorsque Terra Networks (filiale de l’opérateur historique espagnol Telefonica) avait pris le contrôle de l’américain Lycos Inc.

Terra Lycos a les coudées franches

Plusieurs analystes estimaient ces jours-ci que Terra Lycos devait - quelles que soient ses ambitions - impérativement choisir entre CNet et Earthlink. Le portail n’aurait en effet pas les moyens suffisants pour se payer les deux entreprises, valorisées chacune autour de 1,5 milliard de dollars (11 milliards de francs). James Macaonghus contredit cette thèse : " le groupe Terra Lycos est adossé à Telefónica, l’un des opérateurs téléphoniques européens les mieux valorisés. Il n’a aucun risque de se retrouver à court d’argent. " Terra Lycos peut donc festoyer sans crainte. Et donner le coup d’envoi d’un grand banquet au cours duquel ses petits camarades (en Europe, Wanadoo, T-Online et Tiscali) ne feront qu’une bouchée de l’industrie des contenus.