La télévision associative Télé Bocal s’apprête à lancer une souscription sur son site pour financer une nouvelle diffusion hertzienne, après la rupture du contrat passé avec Télédiffusion de France (TDF).
Fondée en 1995 dans le 20e arrondissement parisien, Télé Bocal se présente comme une chaîne de proximité donnant la parole aux habitants sur les problèmes ou sujets d’actualité de leurs quartiers. L’association, qui emploie aujourd’hui sept personnes, organise depuis ses débuts des projections mensuelles de ses émissions dans des bars, à Paris et en province.
A l’été 2002, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avait délivré à Télé Bocal, ainsi qu’à plusieurs autres chaînes associatives, une autorisation temporaire d’émettre par voie hertzienne de deux mois. Le 1er avril 2003, la diffusion des émissions de Télé Bocal avait enfin démarré à Paris sur le canal 35, grâce à un accord avec TDF, qui gère l’émetteur de la Tour Eiffel. Le contrat passé prévoyait une diffusion jusqu’au 20 juin.
Engagements non tenus
Mais fin mai, TDF a signifié à la télé associative la rupture du contrat pour défaut de paiement. "Il n’y a ni malignité, ni perversité de notre part dans cette histoire, justifie Philippe Talianozzi, responsable du développement et notamment de celui des télévisions locales à TDF. Télé Bocal n’a pas honoré ses engagements contractuels. Nous avons patienté trois semaines avant de prendre la décision de couper. Je défends les télés associatives et j’aurais aimé que le contrat aille à son terme, comme ce fut le cas pour Zalea TV. Mais je dois respecter une égalité de traitement entre toutes les chaînes diffusées."
A Télé Bocal, on préfère rester discret sur le montant de la somme dûe à TDF, mais on ne nie pas les difficultés financières. "Nous avions indiqué à TDF que nous comptions sur une subvention de la Mairie de Paris. Nous l’avons demandée en septembre 2002 et on nous avait assuré qu’elle serait votée au Conseil de Paris en janvier 2003. Puis cela a été repoussé à mai, puis à juin, explique Richard Sovied, le président de l’association Télé Bocal. Aujourd’hui, cette aide ne nous a toujours pas été accordée. Nous avons essayé de payer la diffusion avec nos propres deniers mais cela ne suffit pas. Et TDF ne veut plus attendre."
Démission de la mairie de Paris ?
Selon Richard Sovied, les services de la Ville de Paris se renvoient sans cesse la balle. "Nous étions en contact avec Danièle Auffray [adjointe au maire de Paris,en charge des nouvelles technologies et à la recherche, Ndlr]. Mais elle nous a dit ne pas disposer de ligne budgétaire et nous a renvoyés vers Marie-Pierre de la Gontrie [adjointe chargée de la vie associative, Ndlr], qui nous renvoie vers Danièle Auffray... Notre seule issue, c’est désormais Christophe Girard, l’adjoint à la Culture, raconte le responsable de Télébocal. Qui déplore "la démission de ces gens de gauche" : "Si eux ne nous aident pas, qui le fera ? C’est à croire qu’ils ont du mal à subventionner une télé associative sur laquelle ils n’auraient pas d’emprise directe..."
Contactés par Transfert, les responsables de la Ville de Paris n’ont pas été en mesure de nous répondre.
Pour sortir de l’ornière financière, Télé Bocal souhaite lancer dans quelques jours une souscription sur son site. "Au minimum, il faudrait que nous récupérions 20 000 euros, estime Richard Sovied. Mais l’idéal serait d’atteindre 50 000 euros. Cela nous permettrait de redémarrer la diffusion hertzienne en septembre." Pour cela, Télé Bocal compte déposer prochaînement une nouvelle demande d’autorisation temporaire d’émettre au CSA.