La maison d’arrêt de Strasbourg s’est mise en ligne sur le Réseau. Dominique Zins, son directeur, revient sur les étapes de cette entreprise, première du genre sur la Toile française.
Le 2 juillet 2001, un nouveau venu a pris sa place sur La Toile. Et pas n’importe lequel. Il s’agit du site internet de la maison d’arrêt de Strasbourg (Bas-Rhin). Bien que composé de pages informatives simples destinées au public, ce site est, néanmoins, le premier dans le paysage carcéral français. Dominique Zins, le directeur de l’établissement, explique à Transfert les conditions de la mise en ligne du site. Interview.
Pourquoi avoir consacré un site à votre prison ?
J’avoue que si j’étais langue de bois, je dirais que le Premier ministre a demandé que l’administration se mette à l’heure d’Internet et facilite l’accès des services administratifs au public. Mais ça n’a pas été le moteur chez nous. Nous avons commencé (c’est-à-dire la direction et les deux administrateurs informatiques du centre) à y penser car l’attente du public était difficile à satisfaire. Les gens nous posent souvent les mêmes questions, ils demandent des informations sur les heures d’ouverture au public, sur l’historique de la prison, etc. Alors, on s’est dit qu’il était plus simple de mettre toutes ces informations sur Internet plutôt que d’éditer une brochure papier. Maintenant que le site est en ligne, notre objectif est de le faire vivre.
De quelle façon ?
Plus de 3 000 personnes sont venues visiter le site : cela prouve déjà qu’il intéresse les gens. Nous avons reçu pas mal d’e-mails de sympathie de la part des internautes qui approuvent l’initiative. D’autres, évidemment, contestent la présence du site en nous rappelant que ce n’est pas notre métier et que l’on devrait s’occuper d’autre chose. Ensuite, nous espérons pouvoir donner la possibilité aux familles de s’inscrire en ligne pour les visites au parloir. Nous allons aussi publier les textes de certains détenus qui participent à l’atelier d’écriture du centre. Et pourquoi pas, plus tard, envisager un forum citoyen ouvert au public sur le site... Mais avant d’en arriver là, il faudra peut-être du temps car nous n’avons pas beaucoup de moyens.
De quel budget dispose le site ?
Lorsque nous l’avons créé, en janvier, nous l’avons fait héberger par une société de service de Strasbourg. Cela nous coûte 500 francs par an. D’autre part, nous avons investi 1 500 francs en tout pour l’achat de logiciels. Ensuite, ce sont les deux responsables informatiques du centre qui vont se charger du site.
L’obtention de l’autorisation du ministère de la Justice vous a-t-elle posé problème ?
Non. Une fois le site terminé, en mai, nous l’avons soumis au service de communication officiel de l’administration pénitentiaire et au ministère de la Justice qui nous ont communiqué leur accord dans le courant du mois de juin. Ils n’ont pas fait beaucoup de remarques. Nous avons juste enlevé une photo qui, selon eux, pouvait faciliter une évasion. Et remplacé quelques termes de vocabulaire, du "jargon judiciaire", par un langage plus grand public. L’initiative a été plutôt bien accueillie : c’est une façon d’améliorer l’image des prisons.
Envisagez-vous de faire participer les surveillants et les détenus à la vie du site ?
On en n’est pas encore là. Ce site reste, pour l’instant, très administratif et informatif avec ses possibilités et ses limites. Mais pourquoi pas, dans l’avenir, imaginer la conception d’une page pour que les surveillants puissent s’exprimer. Certains d’entre eux ont d’ailleurs déjà des sites personnels. Il faudra voir s’ils souhaitent s’exprimer et si le site peut servir de tribune. Pour les détenus, peut être un jour y aura-t-il une section Internet ? Pour l’instant nous, avons eu des retours de leur part par l’intermédiaire des enseignants qui nous disent que les prisonniers sont très intéressés de voir leurs textes mis en ligne.