Secrétaire général de la fédération CGT des sociétés d’études, qui accueille les employés de start-ups, Noël Lechat défile samedi contre les licenciements. Interview.
La difficulté pour les organisations syndicales de s’implanter dans les start-ups est-elle propre à ce secteur ?
Non, je ne pense pas. Nous avons d’ailleurs connu les mêmes difficultés dans les SSII, les sociétés de services en informatique qui se sont créées dans les années 80. Cela dit, il existe des similitudes entre ces SSII et les start-ups actuelles. Il s’agit souvent d’une population jeune pour laquelle l’informatique est d’abord considéré comme un jouet. Au début de la création des start-ups, la principale entrave à une présence syndicale était la faiblesse des effectifs. Il est très difficile de créer un syndicat dans une société de sept personnes. De plus, pas mal de start-ups fonctionnaient sur le modèle "employeurs copains".
Le mouvement de concentration et la vague de licenciements actuelle joue en faveur des syndicats...
C’est indéniable. Certains salariés ont par exemple vu récemment l’arrivée de directeur de ressources humaines (DRH). Dans les jeunes pousses, les rapports changent et les salariés ont pris conscience de ces bouleversements. De toute façon, quand tout va bien, les travailleurs ne voient pas toujours l’intérêt d’une présence syndicale.
Concrètement, quelles sont les actions menées par la CGT à destination des jeunes pousses ?
Nous avons démarré ce mois-ci un plan de parrainage destiné à informer les salariés d’une vingtaine de start-ups sur leurs droits. Principalement dans la région Ile de France. C’est un travail de terrain, qui a certainement fait défaut, dans ce secteur, à l’ensemble des organisations syndicales. Nous nous sommes rendu aux portes d’entreprises comme Multimania, Yahoo, Unilog, Logica, Ubisoft et nous avons distribué des tracts... Et nous avons été agréablement surpris par l’accueil réservé à nos militants par les salariés de ces entreprises. Chez Multimania, des salariés ont souhaité nous rencontrer une seconde fois au sujet de la mise en place des 35 heures. Pour la CGT, les actions syndicales à destination des jeunes pousses sont devenues l’une des priorités.
Selon vous, le projet de loi sur la modernisation sociale devrait-il comporter des dispositions particulières pour les start-ups ?
Non. Ce qui pose problème, c’est notamment la question des conditions dans lesquelles s’opèrent les licenciements économiques. Dans ce domaine, c’est la même chose pour tous les travailleurs, dans les start-ups ou ailleurs. Nous pensons qu’il est anormal qu’une entreprise licencie lorsque qu’elle dégage des bénéfices. En revanche, la fédération CGT des sociétés d’études souhaitait que soit intégrée aux discussions de la loi sur la modernisation la question de l’utilisation d’Internet ou d’intranet par les organisations syndicales et les employés au sein des entreprises... Actuellement ce genre de litiges se multiplient.