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13/04/2001 • 16h08

«  Si tu es élevé dans un pays où les tomates se mangent pourries, tu continues...  »

Chercheur en informatique à Paris VII, Roberto Di Cosmo, 37 ans, bataille pour le remboursement des licences des logiciels Windows préinstallés sur les ordinateurs achetés par l’Education nationale - entre autres. L’œil pétillant, ce professeur avec un brin d’accent italien ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de dénoncer les abus de pouvoir des marchands d’informatique...


Solveig Godeluck
Transfert : Pourquoi est-il si difficile aujourd’hui d’obtenir un service à la hauteur en micro-informatique ?

Roberto Di Cosmo : En 1982, aux débuts de la micro-informatique, j’avais 18 ans. J’ai donc pu observer les changements. Dans les années soixante-dix, on travaillait encore sur de gros ordinateurs. Les logiciels étaient gratuits, et quand il y avait une panne, un ingénieur venait très vite réparer. Mais l’arrivée du PC à la fin de la décennie a bouleversé l’économie du service. Une fois que vous avez acheté votre micro-ordinateur, vous ne revoyez plus jamais votre vendeur. Ce dernier se moque de la panne. Le service après-vente est inexistant. Il n’y a pas de garanties.

Comment les constructeurs ont-ils pu persuader les gens d’adopter ces ordinateurs avec un service au rabais ?

En 1981-1982, on voit apparaître sur le marché des micro-ordinateurs qui sont accessibles aux non-spécialistes, aux gens dont l’informatique n’est pas le hobby. Avec le PC IBM, on vous promet le même service que sur les gros systèmes. C’est la révolution ! Mais pour une fois, Big Blue n’a pas bien protégé son invention. Des boîtes taïwanaises se mettent à cloner et copier les PC d’IBM. Ils créent des ordinateurs de qualité utilisables par des passionnés. Les machines Atari, Amiga sont moins chères, plus rapides, et possèdent des capacités graphiques qu’IBM n’a pas. Mais ce sont des marchés de niche, réservés aux hobbyistes. La part du lion revient à IBM. Les médias ont entériné la domination de ce constructeur, en entrant dans un cercle vicieux bien connu : plus une société gagne en parts de marché, plus on parle d’elle dans les journaux. Ensuite, cette société devient annonceur du journal. Résultat, il devient difficile de lui taper dessus. Or les média sont la seule source d’information du grand public. C’est ainsi qu’IBM a assis sa prépondérance à l’époque. Comme Microsoft aujourd’hui.

Dans la deuxième moitié des années 80, l’informatique est devenue un marché grand public, en sortant de l’entreprise. Quelles ont été les conséquences de cette mutation ?

Le problème du grand public, c’est qu’il est prêt à croire n’importe quoi. Il suffit de dire aux acquéreurs de micro-ordinateurs que quand ça ne marche pas, c’est de leur faute. Personnellement, je trouve ça un peu facile qu’un technicien de l’assistance téléphonique rembarre le client en lui faisant des reproches comme : " Avez-vous bien modifié votre fenêtre TCP/IP dans l’onglet de configuration ? ". Ensuite, il y a un autre phénomène : si tu es élevé dans un pays où les tomates se mangent pourries, tu continues à les manger pourries toute ta vie. Au départ, il n’existe pas de qualité de service pour le grand public. Seules les entreprises y ont droit, mais elles la paient plus cher que le matériel informatique lui-même. Donc, majoritairement, le grand public accepte les carences de l’industrie. La seule nouveauté pour lui, c’est qu’il se fait arnaquer plus souvent, parce qu’il y a une accélération du cycle de vie du logiciel. Ce sont les mêmes pickpockets, mais ils vous volent plus souvent.

Il y a comme un hiatus avec la devise des commerçants qui claironnent que "le client est roi"...

Le consommateur n’est pas roi. C’est entièrement faux. Prenons l’exemple du logiciel. Il est impossible de se faire rembourser Windows, lorsqu’il est préinstallé sur les machines. C’est d’ailleurs une grave erreur de la part des pouvoirs publics de ne pas intervenir. Ensuite, les prix affichés changent tous les jours. Quand on sort une nouvelle version d’un logiciel, la version précédente aligne son prix à la hausse, afin que les gens ne soient pas tentés de l’acheter. On pousse les gens à acheter le dernier Windows. On les pousse dans la course à l’équipement technologique la plus folle, car il faut des ordinateurs plus puissants pour faire tourner des logiciels plus lourds.

Vous vous êtes illustré en menant ,depuis plusieurs années, la contestation des universitaires qui travaillent sous Linux et désirent se faire rembourser les licences Windows. Qu’avez-vous obtenu ?

Une commission d’enquête a été lancée au niveau européen sur le sujet. Motus et bouche cousue pour l’instant. Si ça prend cinq ans, ça ne servira à rien. On perd du temps, de l’énergie, et même de l’argent en essayant de se faire rembourser les 1 600 francs que coûte en moyenne la licence Windows 95. (Il montre, derrière lui, adossée au mur, une pile d’une vingtaine de cédéroms Windows)

Est-ce que le procès Microsoft vous a rassuré ?

Il ne faut pas oublier les dédommagements et la punition des actions non conformes à la loi. Si l’on démantèle Microsoft, qui va rembourser les millions de francs dépensés par l’Etat français en licences inutilisées ? Lors du procès de l’entrepris, au USA, des documents confidentiels qui ont filtré ont montré que Microsoft a vendu Windows 90 dollars alors qu’il était rentable à 38 dollars. Ca s’appelle une taxe monopolistique, et c’est interdit. Nous avons donc le droit d’être remboursés.

Si Microsoft est finalement coupé en deux, c’est Microsoft.Net qui va reprendre la partie du business de la société sur Internet. Que pensez-vous des projets de location en ligne de logiciels ?

Microsoft.Net, ça veut dire que vous allez louer des logiciels pour lesquels vous jouissez aujourd’hui d’une licence illimitée. Aujourd’hui, personne ne peut m’empêcher d’utiliser pendant dix ans mon Windows 95. Demain, on me fera payer moins cher, mais plus longtemps, à l’usage : c’est une forme de taxe !

Vous rejetez l’informatique du futur telle qu’elle a été popularisée par Sun, sous le slogan " The network is the computer " (" le réseau est l’ordinateur ") ?

Je ne suis pas hostile au principe de louer des services sur le réseau. Encore doit-on jouer honnêtement. Il faut que le service soit réellement indépendant de la plate-forme, et compatible partout. Or Microsoft a l’intention de répandre ses applications propriétaires. Et bizarrement, on observe que les logiciels Microsoft fonctionnent mieux en compagnie de logiciels Microsoft... Rappelez-vous les problèmes pour afficher Netscape sous Windows. Aujourd’hui, son concurrent Microsoft Internet Explorer tient mieux la rampe. Il s’est amélioré, mais il comporte toujours des chevaux de Troie. Et ce navigateur utilise des normes qui ne sont pas des standards du Web, comme Active X pour l’administration à distance.

La location de services, par abonnement à un bouquet par exemple, est une tendance générale. Ca vous fait peur ?

Il y a deux méthodes principales pour s’enrichir. Soit on facture sa marchandise très cher à deux personnes, soit on prélève un peu tout le monde. Les entreprises de la nouvelle économie vont nous faire payer un tout petit peu très souvent, en contrôlant toute l’infrastructure. Microsoft a passé des accords avec les câblo-opérateurs, les webtélévisions, les opérateurs. AOL va exploiter les contenus de Time Warner sur plusieurs supports. Voilà la grande question : quand l’infrastructure sera en place sera-t-il rentable pour un grand groupe de fournir un service de qualité ? Si on découvre que ce n’est pas le cas, on aboutira à une vaste arnaque. Ce qui me fait peur, ce n’est pas l’idée que ces groupes vont devenir très riches. C’est que, pour en arriver là, ils vont mettre en place des systèmes qui bouleverseront notre vie privée : pour gérer nos comptes en banque, notre courrier, nos conversations téléphoniques, nos loisirs... Ils sont techniquement en mesure de ficher tout le monde. Or ce sont des acteurs privés qui ne rendent compte à personne.

Que faire ?

La seule façon de réagir face à de gros groupes, c’est de devenir gros nous aussi. Le petit bureau d’experts de trois personnes, qui teste les nouveaux produits, ne suffit plus à protéger les consommateurs. Aux Etats-Unis, les organismes de défense ont un grand poids dans la société. Est-ce que les associations françaises sauront faire de même ?

La page personnelle de Roberto Di Cosmo
http://www.pps.jussieu.fr/~dicosmo
 
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