...ric Giuily a démissionné le 26 septembre de la présidence de l’Agence France Presse, deux jours avant le conseil d’administration. PDG depuis mars 1999, il souhaitait investir dans le développement Internet. Il s’est heurté aux éditeurs de presse traditionnelle, inquiets de cette concurrence nouvelle. Il explique les raisons de son départ.
©Michel Gangne/AFP |
Transfert - Pourquoi avez-vous démissionné ?
...ric Giuily - Nous avons engagé fin 1999 un plan de développement qui a pour objectif de transformer l’AFP en agence multimédia. 2000 était la première année d’application. Nous avons pu la financer grâce à nos réserves. Maintenant, il faut aller plus loin. C’est pourquoi j’avais proposé, par dérogation au statut spécifique de la loi de 1957, que l’agence puisse avoir des comptes en déséquilibre sur les trois années à venir, et que ce soit financé par un endettement de l’ordre de 400 millions de francs sur trois ans. Cette proposition n’a pas reçu l’agrément de l’...tat, qui est une composante importante de notre conseil d’administration.
Quels étaient les investissements prévus ?
Cette année, on a créé les conditions pour diffuser nos fils actuels sur Internet. La deuxième étape consiste à développer des services spécifiques au Web. Cela passe par plusieurs choses : renforcer notre couverture de domaines très demandés sur Internet, comme la haute technologie, la santé, la science, l’économie et la finance, le sport. On nous demande des produits que nous ne proposons pas, comme le "but par but" d’une soirée de championnat, par exemple. Tout cela suppose des moyens supplémentaires. Cette année, nous avons accru nos effectifs d’une centaine de journalistes (pour un total de 2 100). Il en faut autant l’an prochain. Ensuite, il faut aussi créer des banques de données permettant d’archiver nos informations. Enfin, il faut aussi qu’on accède à l’image animée et au son sur le Web. Cela suppose des études et des investissements lourds, le cas échéant avec des partenaires. C’est ce qui m’a été refusé.
Quelles seront les conséquences de ce refus ? Votre successeur ne sera-t-il pas confronté aux mêmes choix ?
Si on ne fait pas ça, l’agence est condamnée. C’est un enjeu important, et je trouve ce refus très dommageable. Dans cinq ans, sa clientèle traditionnelle sera érodée, et l’agence ne sera plus présente sur les marchés porteurs. J’espère que compte tenu des réactions, mon successeur se verra ouvrir des possibilités que je n’ai pas eues.
Comment se porte l’AFP ? Quels sont vos résultats sur le Net ?
L’AFP ne se porte pas mal. Nous ferons 1,5 milliard de chiffre d’affaires à la fin de l’année, soit une hausse de 6,5 %. Hors abonnements de l’Etat (qui représentent environ 40 % des ressources, NDLR), la croissance est même de 10,5 %. À l’international, on enregistre même une hausse de 25 % aux ...tats Unis, par exemple. Internet rapporte déjà. Notre chiffre d’affaires Internet au sens strict doit être de l’ordre de 50 millions de francs. Mais si on tient compte du développement de nos fils traditionnels, il serait plutôt de 80 millions de francs. Mais on était à 10 millions en 1998, et 25 en 1999. C’est le chiffre qui augmente le plus vite.
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