La chaîne météo propose aux collectivités locales une webcam pour diffuser dans le monde entier des images de nos belles plages. Une bonne affaire, mais pas pour tout le monde.
Qui, avant de partir en vacances, n’a jamais rêvé de savoir si le soleil tapait (vraiment) sur sa plage favorite ? Qui ne s’est jamais dit "je n’aurais jamais dû croire la météo", en découvrant sa station de ski bloquée par une tempête de neige. A priori, sur ce sujet-là, la webcam ne peut mentir. D’où l’idée de la chaîne météo, présente sur le câble, le satellite et Internet, d’utiliser les petites caméras du web pour montrer le temps qu’il fait réellement. Depuis 1999, une trentaine de petites villes touristiques de métropole et d’Outre-Mer se sont associées à la chaîne météo pour l’installation de webcams dont les images sont retransmises sur les canaux télé de la chaîne météo, ainsi que sur son site internet et sur celui desdites collectivités. Des villes plus importantes, comme La Baule ou Nice, seraient également intéressées, assure Gaëlle Heudebran, directrice de la communication et du marketing de La chaîne météo. Comme on peut le lire sur le site de la société : "Installation, entretien, frais de transmission des données et diffusion sont pris en charge par LA CHAINE METEO". Cette dernière en profite pour installer, avec chaque webcam, une mini-station météorologique permettant de recueillir des infos locales sur la pluviométrie, la température et la direction du vent.
90 000 francs par an
Mais, attention, le service n’est pas gratuit. Selon Gaëlle Heudebran, il s’agit d’un outil de communication pour lequel il est normal que les villes paient. Le tarif ? La responsable se fait discrète. Selon le site telecomville.org, une association d’aide aux collectivités locales, le montant serait de 2 500 francs par mois. À la mairie de Deauville, on indique payer 25 000 francs hors taxes par an. Pour la même prestation, Sandra Evain, responsable du service communication presse de l’office du tourisme d’Arcachon affirme, elle, acquitter 90 000 francs par an, soit plus de 8 000 francs par mois... Même tarif pour l’office de tourisme de Royan, selon Laurent Giraud, son directeur. Ces deux villes sont sous contrats depuis le début et ont un prix fixé pour trois ans, contrairement à Deauville qui a négocié un nouveau contrat en novembre 2000. 90 000 francs, c’est une somme conséquente pour une simple webcam... D’autant que l’objet de la facture semble flou : à Méaudre, en Isère, la mairie considère avoir financé une part de l’installation ; à Cosne-sur-Loire, dans la Nièvre, on croit plutôt payer la petite station météo qui accompagnait la webcam.
Chères retombées médiatiques
De villes en villes, le bilan n’est guère plus tranché. Malgré le prix élevé, l’office du tourisme d’Arcachon se déclare assez satisfait de l’opération : les images retransmises sur son site ont dopé le trafic et les responsables apprécient le fait que les images de leur ville passent aussi sur le câble et le satellite. À la mairie des Sables d’Olonne, on s’avoue très content de cette initiative "surtout qu’elle ne nous coûte rien". La note était en effet réglée par le syndicat mixte de la communauté de communes. Mais ce dernier prévoit de ne pas renouveler le contrat. Trop cher et pas assez séduisant pour le public. Un petit tour sur le site de la Chaîne météo confirme l’argument : l’image fixe de la webcam des Sables d’Olonne n’est rafraîchie au mieux que toutes les demi-heures, tandis sur le site de la station balnéaire vendéenne, l’internaute peut voir les vacanciers arpenter la plage en temps réel ou presque. C’est que la municipalité a signé un partenariat annexe avec Com One, une société de service informatique. Com One rapatrie instantanément les images et les diffuses en vidéo, la ville n’acquittant que le prix des communications. Pour Com One, ce coût serait de 3 000 à 4 000 francs par an. Or, le prix des communications constituait le principal argument de la Chaîne météo pour chiffrer (lourdement) ses services aux collectivités. Comment expliquer alors la différence entre la facture Com One (3 000 à 4 000 francs) et celle de Chaîne météo ? Au service informatique des thermes de Saint-Malo, sur lesquels est braquée la webcam imposée par la municipalité , le jugement est, en tout cas, tranché : "On pouvait faire assez simplement la même chose. Et pour beaucoup moins cher."