TRANSFERT S'ARRETE
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Denis Harscoat est le patron de Zden, un site où peuvent s’exprimer les créateurs de tout poil. Ce philosophe, ex-pompier cherche à rééquilibrer les termes de l’échange entre les riches et les autres.
Il a testé son site pendant trois mois, de septembre à décembre 2000, et 75 000 membres s’y sont inscrits sans attendre son ouverture officielle. C’était lundi 4 décembre. Le lendemain, Denis Harscoat, patron de Zden faisait introniser Zden.com lors d’une présentation officielle au First Tuesday à Paris. Qu’est-ce ? Une place de marché mondiale d’échange de fichiers numériques, un lieu d’expression pour créateurs de tout poil. Webmasters, graphistes, musiciens, thésards, écrivains, avocats... chacun peut y présenter son "œuvre" et se faire rémunérer en points (les zees), eux-mêmes convertibles en dollars. La méthode se place à contre-courant de la gratuité totale façon feu-Napster. "L’idée est de nous placer entre les deux extrêmes que sont Metallica d’une part et Napster de l’autre. En fait, notre démarche se rapproche davantage de celle d’eBay", promet Denis Harscoat. Rémunérer la création, dit-il, c’est lui assurer longue vie. Zden s’adresse également aux professionnels en leur offrant - en plus de la valorisation de leurs contenus - un espace de stockage, en partenariat avec IBM. Ce modèle de start-up un tantinet plus humaniste que la moyenne n’en a pas moins séduit le monde compassé de la finance. Lors du dernier Capital-It à Paris, on a même pu voir l’œil d’Alexandre Mars (Mars Capital) en pétiller de curiosité. Avec ou sans ce dernier, le premier tour de Zden est bouclé : 600 000 euros pour commencer.
Rééquilibrer les échanges entre les riches et les autres
S’il a su séduire les investisseurs, Denis Harscoat n’a rien des ex-consultants ou banquiers d’affaires qui papillonnent dans les soirées "réseau" de la nouvelle économie. Ex-pompier de Paris, diplômé de philosophie et du MBA de Rotterdam, il s’est plongé dans le high-tech à la sauce américaine pendant six mois à San Francisco. Mais en est revenu vacciné contre le mode de vie des "techies". "Là-bas le niveau de bruit est affolant. Du coup, les start-ups claquent des sommes astronomiques pour se faire entendre, déplore-t-il. Tout ça pour permettre aux prestataires de rouler en Ferrari. En plus on perd la notion de l’international en restant sur un marché aussi narcissique.". De retour en France en février dernier, il a réuni autour de l’idée Zden une dizaine de camarades de tous âges, originaires des cinq continents, surdoués de l’informatique et du marketing. Avec une idée en tête : "donner à l’Indonésien la chance d’être vu et payé au même niveau, à capacités égales, que l’Américain". En clair, rééquilibrer les termes de l’échange entre les riches et les autres... Robin des bois au pays de la nouvelle économie.