La société allemande Cobion et une fondation suisse s’associent pour une première mondiale : la recherche sur le Réseau d’images d’enfants disparus.
Ils s’appellent Jose Joaquim (18 ans), Natascha Kampusch (12 ans), et Jan Nejedly (12 ans). Ils viennent d’Espagne, d’Autriche et de République Tchèque. Principal point commun : ils ont un jour disparu sans laisser de traces. Grâce à l’accord passé entre la Fondation suisse FREDI (Fondation pour la recherche des enfants disparus par Internet), et la société Cobion, ces trois jeunes seront peut-être rapidement retrouvés. Les chances restent faibles, mais ils ont en tout cas été choisis dans le fichier de la Fondation FREDI pour la première session de recherches assurée par Cobion. Créé par trois étudiants en mathémathiques de Kassel, cette société a en effet développé un logiciel tout à fait unique. Celui-ci permet de rechercher une image sur l’Internet de manière "intelligente", c’est-à-dire dans des conditions proches de celle de l’oeil humain. Simplement beaucoup plus vite.
600 000 images traitées par jour
Le principe de ce logiciel "d’intelligence visuelle" est simple. Plusieurs images de l’enfant sont scannées dans l’ordinateur de Cobion. À partir de là, le logiciel "apprend" le visage de l’enfant et définit des critères sélectifs qui lui permettent de reconnaître non seulement les photos enregistrées mais aussi d’identifier la personne recherchée même si celle-ci se trouve dans une autre posture, s’est laissée pousser les cheveux ou a vieilli de quelques mois, voire de quelques années. Une fois le portrait enregistré, les ordinateurs de Cobion se branchent sur le Net et enregistrent systématiquement toutes les nouvelles images rencontrées avant de les comparer, pixel par pixel, au visage recherché. Au siège de Cobion, qui s’est engagé à rechercher douze enfants pendant l’année 2001, un énorme calculateur est relié en permanence à quatre fournisseurs d’accès internet et fouille inlassablement le Net. 600 000 nouvelles images sont ainsi emmagasinées et comparées chaque jour. Les banques de données de Cobion contiennent actuellement près de 130 millions d’images.
Enlèvements criminels
Les chances de succès de l’expérience sont difficiles à évaluer. Pour l’instant, le logiciel de Cobion a été utilisé à titre commercial pour la recherche de logos et de produits de marques de grandes entreprises désireuses de chasser les contrefaçons sur le Net. Plus récemment, la société de Kassel a collaboré avec la police allemande pour traquer les svastikas nazies sur le Net. La reconnaissance des photos devrait permettre d’aller plus loin en recherchant des personnes disparues ou en mettant au point des logiciels de filtrage via l’image. "Jusqu’à présent, nous avons des tests positifs avec des visages connus comme ceux d’Albert Einstein, de Bill Clinton ou de Michael Schumacher. En interne, nous avons également réalisés des tests couronnés de succès avec des inconnus. ...videmment, le préalable à toute réussite, c’est que la photo des personnes recherchées se trouve au moins une fois quelque part sur le Net", rappelle Marina Klubescheidt, directrice de la communication de Cobion. Selon FREDI, la technique de Cobion concernerait donc plus particulièrement les cas d’enlèvements criminels d’enfants âgés d’environ 5 à 14 ans. Trop âgés pour être adoptés, ceux-ci, quand ils sont enlevés, le sont le plus souvent par des réseaux de prostitution enfantine qui, de plus en plus, utilisent le Net pour vendre leur "marchandise". Paradoxalement, une chance de plus pour ces enfants d’être retrouvés.