Des chercheurs japonais ont découvert que la lumière émise par les écrans vidéos peut provoquer une modification physiologique du cerveau similaire à celle déclenchée par un changement de fuseau horaire.
Alors qu’une étude récente publiée dans la revue scientifique Nature a démontré qu’une pratique régulière des jeux vidéos améliorait l’attention visuelle et spatiale, des chercheurs de l’Ecole de médecine d’Akita au Japon ont prouvé que le fait de fixer un moniteur avant d’aller se coucher bloque la sécretion nocturne de mélatonine, ce qui perturbe le fonctionnement de nos horloges internes.
A la longue, ce phénomène pourrait altérer profondément la qualité du sommeil, l’humeur et la capacité de concentration des internautes noctambules et des joueurs de nuit.
Effet "jet-lag"
La mélatonine est impliquée dans la synchronisation de deux des cycles fondamentaux de la chronobiologie animale, donc humaine : le rythme veille-sommeil et le rythme nuit-jour. Cette hormone est secrétée par une petite glande enfouie dans le cerveau, chez qui certains anatomistes ont cru détecter un "troisième oeil" vestigial et Descartes le siège de l’âme : l’épiphyse. Reliée indirectement au nerf optique, l’épiphyse commence à libérer de la mélatonine dans le sang quand l’intensité de la lumière commence à diminuer.
L’âge, les voyages fréquents entre les fuseaux horaires ou le travail au rythme des "trois-huit" sont des causes bien connues du syndrôme de "jet-lag". Ce décalage horaire se traduit par une insomnie associée à des troubles de l’humeur, de l’apprentissage et du comportement. Ces symptômes ont été imputés aux déréglements de la production de mélatonine par l’épiphyse. Higuchi et ses collaborateurs ont voulu voir si la lumière émise par un écran d’ordinateur était capable de freiner la production de l’hormone.
Les chercheurs Shigekazu Higuchi, Yutaka Motohashi, Yang Liu, Mio Ahara, et Yoshihiro Kaneko ont mesuré les taux de mélatonine présents dans la salive de sujets jeunes, placés devant un écran d’ordinateur entre 23H et 2H du matin. Parmi les cobayes, certains effectuaient une tâche répétitive et ennuyeuse, les autres participaient à un jeu vidéo, sur des écrans plus ou moins lumineux.
Des maux de minuit
Les chercheurs se sont aperçus que le pic de concentration de mélatonine que l’on observe habituellement vers minuit s’estompe significativement chez les jeunes placés derrière les écrans les plus lumineux. De plus, ils ont constaté que plus l’intérêt de l’activité est grand, plus les troubles sont importants...
Leurs résultats ont été publiés dans la revue scientifique américaine Journal of Applied Physiology.
Les scientifiques japonais craignent qu’en bloquant la sécrétion de mélatonine, la pratique nocturne des jeux vidéos dégrade la qualité du sommeil et entraîne des troubles du comportement liés à une désynchronisation des horloges internes.
L’article des chercheurs japonais (Journal of Applied Physiology):
http://jap.physiology.org/cgi/conte...
Le site de l’ Ecole de médecine d’Akita au Japon:
http://www.med.akita-u.ac.jp/index.html