Tarek Ferchichi, 29 ans, est emprisonné à Tunis alors que son frère, inquiété pour ses activités en ligne, a fui en France
Le 27 avril 2003, l’ASIPP (l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques) publiait un communiqué annonçant la mort d’un jeune Tunisien de 23 ans, Maher Osmani, "pour ses activités sur le réseau Internet". Pour les membres de l’ASIPP, la police politique tunisienne est responsable du décès de l’internaute, qui faisait partie d’un groupe de sept jeunes passionnés d’informatique, inquiétés pour avoir organisé une collecte de fonds sur un site indépendant.
Le même jour, on apprenait qu’un ami de Maher, Béchir Ferchichi, réfugié en France depuis le 18 avril et retenu en zone de rétention à Roissy, avait demandé l’asile politique aux autorités françaises.
Dans un communiqué du 3 mai, l’ASIPP annonce que Béchir Ferchichi a finalement été admis à rester sur le territoire français en attendant la décision des autorités concernant son asile. Par contre, son frère, Tarek, 29 ans, est détenu à son tour par les autorités tunisiennes, depuis le 29 avril. Et sera bientôt jugé.
Pas d’avocat pour l’instant
Selon le communiqué de l’ASIPP, Tarek Ferchichi a été arrêté à son domicile par des officiers de police tunisiens en civil. Sa famille ignore le lieu de sa détention et les motifs de son arrestation.
L’ASIPP indique que cette arrestation est "peut-être" à rapprocher de celle qui a entraîné la mort de Maher Osmani et de la fuite de Béchir. Maher avait été arrêté par la police politique tunisienne le 20 avril 2003 pour avoir lancé une collecte de fonds destinée à aider des familles sinistrées suite à des inondations, sur le site indépendant Tunezine. Or, la collecte de fonds sans autorisation est interdite en Tunisie. Tout comme la connexion au forum d’informations de Tunezine. Maher Osmani, qui était "en bonne santé au moment de son arrestation" selon les membres de l’ASIPP, est décédé lors de son séjour en prison.
"Selon les premiers éléments de l’enquête, on peut supposer que les deux affaires sont liées", explique l’avocat Samir Ben Amor, membre de l’ASIPP, qui refuse de donner plus de précisions sur l’affaire tant que le procès de Tarek n’a pas eu lieu. A ce jour, le jeune Tunisien, détenu par la police, attend sa traduction devant la justice. Selon la loi tunisienne, il ne peut bénéficier de l’aide d’un avocat tant qu’il reste aux mains de la police. Selon Samir Ben Amor, qui assistera vraisemblablement Tarek, le procès devrait avoir lieu dans les deux prochains jours.
Soutien en ligne
Craignant que Tarek Ferchichi ne soit torturé, les membres de l’ASIPP appellent les internautes à envoyer une lettre au président Ben Ali et aux ministres de la Justice et de l’Intérieur tunisiens. Un modèle de cette lettre figure à la fin du communiqué de l’ASIPP. But de la missive : "s’assurer que son intégrité physique et morale soit respectée, qu’il puisse bénéficier de tout soin médical si nécessaire, et que sa famille soit informée immédiatement de son lieu de détention."
L’association, qui essaye de mobiliser en ligne, ajoute : "Si aucune charge identifiée n’est retenue contre lui, les autorités concernées doivent le libérer dès maintenant. Dans le cas contraire, il doit être présenté à un juge et bénéficier de l’assistance d’un avocat."
Le communiqué de l’ASIPP:
http://www.tunisnews.net/3mai03.htm
En Tunisie, se connecter à internet peut coûter la vie (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8730
Ben Ali veut "nationaliser" les cybercafés tunisiens (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8721
"Après plus de trois semaines de grève de la faim, Zouhair Yahyaoui semble très déterminé" (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8696