Un cyberdissident vietnamien, Son Hong Pham, vient d’être condamné à 13 ans de prison (lire notre article). Selon l’association Reporters sans frontières (RSF), qui s’apprête à publier son rapport 2003 sur les entraves à la circulation de l’information sur internet, "le Vietnam reste l’un des Etats de la planète les plus répressifs à l’encontre des cyberlibertés".
Parmi les mesures employées par l’Etat vietmanien pour contrôler Internet, RSF dénonce notamment le blocage des sites "jugés politiquement ou moralement dangeureux", tels que les sites d’information étrangers ou les sites vietnamiens de défense des droits de l’homme.
En ce qui concerne les sites hébergés au Vietnam, ceux-ci doivent posséder une licence, ne pas servir à la contestation politique, ne pas contribuer à déstabiliser la sécurité du pays et signaler aux autorités chaque modification de leur contenu !
Le virus de la propagande
Le 7 août dernier, le ministère de la Culture et de l’Information a suspendu le site TTVNonline, "en raison d’une absence d’autorisation en bonne et due forme et de la diffusion d’informations violant la loi sur la presse et déformant la vérité". En 2001, la presse spécialisée avait nommé TTVNonline meilleur site internet pour les jeunes. Sur le forum de discussion du site, les internautes abordaient des thèmes tels que la corruption au sein du parti communiste ou les réformes politiques du gouvernement.
Le gouvernement vietnamien sait pourtant tirer profit d’internet. En avril 20001, les travaux du neuvième congrés du PC ont ainsi été retransmis sur le site d’une agence de presse officielle. Des points d’accès à internet avaient été installés dans plusieurs endroits du pays pour que les habitants puissent suivre les débats.
Et le gouvernement n’utilise pas seulement Internet pour organiser sa propre progagande. Il pratique aussi, à l’occasion, le piratage ! Des membres de l’ambassade du Vietnam à Singapour auraient ainsi envoyé, par mail, des virus aux adeptes du mouvement spirituel Hoahao...
La fièvre de la surveillance
Si la répression du réseau n’est pas nouvelle au Vietnam, elle s’est accentuée au cours des deux dernières années. Depuis février 2002, cinq cyberdissidents ont été arrêtés pour avoir publié en ligne des articles contenant des informations "jugées dangeureuses". "Ces deux dernières années correspondent au développement de l’internet au Vietnam, qui compte désormais un million et demi d’internautes sur 79 millions d’habitants", note Vincent Brossel, responsable du bureau Asie Pacifique à RSF.
Ces pratiques ne sont pas sans rappeler celles du grand frère communiste du Vietnam. "Ce sont les mêmes que celles qui existent en Chine depuis cinq ans", explique Vincent Brossel.
En tout cas, la surveillance ne semble pas prendre la voie de l’assouplissement. Début 2003, Phan An Sa, inspecteur en chef adjoint au ministère de la Culture et de l’Information, a annoncé qu’il souhaitait que les opérateurs, notamment les fournisseurs d’accès et les propriétaires de cybercafés, soient responsables du contenu diffusé.
"Une pratique qui existe déjà dans plusieurs pays, dont la Chine et la Birmanie, souligne Vincent Brossel. Cette stratégie est plutôt cohérente dans la mesure où elle permet à un gouvernement dépassé par l’accélération du développement d’internet de tout contrôler, depuis les auteurs de sites jusqu’aux lieux d’accès".
Le site de Reporters sans frontières:
http://www.rsf.org
Un cybersissident vietnamien condamné à 13 ans de prison (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8986
La fiche Vietnam du rapport RSF/Transfert.net 2001:
http://www.transfert.net/a4418
Le site du Parti communiste vietnamien:
http://www.cpv.org.vn/