Treize scientifiques anglo-saxons, éminents spécialistes de l’évolution du climat et de l’effet de serre, viennent de réaffirmer dans la revue scientifique EOS que la contribution de l’homme au réchauffement planétaire est désormais plus qu’une simple hypothèse. L’article est une réponse à une série de publications et de rapports sur lesquelles le gouvernement Bush s’appuie pour rejeter les termes de l’accord de Kyoto.
Parmi les auteurs de l’article paru dans EOS, on trouve Michael Mann, géophysicien à l’université de Virginie. Ses recherches ont permis d’évaluer l’impact de l’activité humaine sur le climat planétaire. Il a notamment mis en évidence l’élévation anormale des températures au cours du XXème siècle. Ses travaux, publiés dans les revues les plus prestigieuses, ont contribué à ce que la National Academy of Science (l’Académie des sciences américaine) et l’American Geophysical Union reconnaissent dès 1998 un réchauffement planétaire d’origine humaine.
Ma bagnole, c’est sacré !
Or, malgré un nombre croissant d’études indiquant que les niveaux actuels d’émission de gaz à effet de serre déstabilisent le climat mondial, le gouvernement américain refuse toujours de ratifier le protocole de Kyoto. Outre des arguments idéologiques concernant le "caractère sacré du mode de vie américain", l’administration Bush conteste les arguments scientifiques fournis par le Panel intergouvernemental sur le changement climatique (IPCC).
Elle s’appuie notamment sur les travaux de deux chercheurs en astrophysique, Willie Soon and Sallie Baliunas. Ces derniers ont nié la réalité d’un réchauffement au cours du XXème siècle dans deux articles publiés dans des revues scientifiques différentes. Ces recherches, peu reprises dans la littérature scientifique, ont néanmoins été largement financées et popularisées par les "think tanks" proches de la droite américaine.
L’intense lobbying qui a abouti au rejet du protocole de Kyoto s’est en effet accompagné de la création d’une série de fondations scientifiques liées aux boites à idées ultraconservatrices qui influencent actuellement la politique américaine, comme l’Heritage Foundation ou la secte Moon.
L’objectif de ces centres de recherche est de fournir des contre-arguments, voire de brouiller les pistes. Ainsi, s’ils admettent l’existence d’un réchauffement climatique, des "experts" des fondations Global Climate Coalition ou George Marshall Institute, lui attribuent une origine solaire. Ces mêmes "experts" n’hésitant d’ailleurs pas à se dédire au sein de l’Oregon Institute of Science and Medicine, en soutenant qu’il n’y a pas le moindre réchauffement et que les données de l’IPCC sont falsifiées.
Climatologues contre astrophysiciens
Pour d’autres "spécialistes", issus d’un prétendu Center for the Study of Carbon Dioxide & Global Change , les gaz à effet de serre seraient même écologiques parce qu’ils favorisent la photosynthèse !
Dénonçant le manque de sérieux et d’indépendance scientifique des travaux de Baliunas et Soon, Mann et ses collègues ont donc décidé de réfuter un à un les arguments des "sceptiques du réchauffement" dans la revue EOS. A l’issue d’une revue détaillée des données et des modèles dont dispose la communauté des climatologues, ils rejettent les conclusions des astrophysiciens et réaffirment l’existence d’un réchauffement d’origine humaine.
Ils soulignent par ailleurs que la publication de leur réponse dans une revue qui dispose d’un comité de lecture composé de véritables spécialistes démontre qu’il existe bien un consensus des scientifiques quant à l’élévation globale des températures.
L’annonce de l’article d’EOS (non disponible en ligne) sur Eurekalert:
http://www.eurekalert.org/pub_relea...
L’article de Soon et Baliunas (Climate Change):
http://www.int-res.com/abstracts/cr...
Global Warming: A Guide to the Science, le livre de Baliunas et Soon (paru en 2001):
http://www.fraserinstitute.ca/share...