Une Net-radio française est contrainte par les Majors US du disque de fermer son service de diffusion à la carte. Mais les jeunes radionautes s’accrochent.
Joël Pobeda, fondateur de la Net-radio RadioceRosMarc Fernandez |
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Nous sommes l’alternative légale de Napster ". Joël Pobeda, fondateur de la Net-radio RadioceRos, est sûr de son fait. Appuyé par une équipe de 22 personnes, il a ouvert le site RadioceRos.com en juin 2000. Avec un concept simple : "
proposer une kyrielle de programmes musicaux à écouter et non à télécharger, de façon légale et respectueuse des droits artistiques ".
Á la différence des Napster ou autres Gnutella, RadioceRos veut payer des droits d’auteurs. Mais le projet semble se heurter au manque de clarté en la matière sur Internet. " Nous avons rencontré des membres de la Sacem à plusieurs reprises. Ils nous ont assuré qu’il n’y avait aucun problème pour que nous puissions payer des droits d’auteurs ", explique Joël Pobeda. Pour l’heure, aucun contrat n’a été signé. " Nous avons cependant négligé un point important , avoue le jeune patron. Il s’agit des droits dits voisins, qui concernent les producteurs ". C’est là qu’entre en scène la Recording industry association of America (RIAA), sorte de syndicat réunissant les grandes maisons de disques US.
Une Sarl française mais un serveur américain
© Radioceros |
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Pour des raisons de coûts plus faibles et de bande passante, nous avons installé notre serveur aux Etats-Unis ", continue Joël Pobeda. Mais RadioceRos est une Sarl classique de droit français, inscrite au registre du commerce. "
Ce que la RIAA ne veut pas comprendre. Elle nous traite de pirates car elle considère que nous ne disposons pas d’accords sur le copyright des enregistrements des artistes US que nous diffusons. Mais elle refuse, pour d’obscures raisons, que nous payions des droits aux ...tats-Unis. " Quelques semaines après son lancement, Radioceros a reçu un mail de cet organisme lui demandant de supprimer une grande partie des musiques proposées. Puis un fax à la mi-août, lui donnant 24 heures pour retirer toutes les chansons " litigieuses "du site. Tentant, en vain, d’obtenir un rendez-vous à la RIAA, Joël Pobeda contacte quand même l’association pour négocier un délai d’un mois, "
le temps de rapatrier le serveur en France". Pour toute réponse, des pressions sur l’hébergeur du site, qui risque une forte amende. "
Pour ne pas lui causer de torts, nous avons arrêter de proposer des morceaux à la demande. Nous ne faisons plus que du live ", soupire le fondateur de la radio.
Une audience en chute libre
En fait, l’installation du serveur en France ne réglerait pourtant pas le problème. Car même si la Sacem se dit prête à percevoir des droits de la part de RadioceRos, il n’en est pas de même pour les producteurs français, réunis au sein de la Société civile des producteurs phonographes (SCCP). Un organisme d’ailleurs chargé de redistribuer à la RIAA les droits des producteurs des artistes américains.... " La SCCP ne veut rien entendre. Elle nous a juste dit que le serveur étant aux Etats-Unis, c’est techniquement plus facile pour la RIAA d’intervenir. Point barre, merci d’être venu ", s’énerve Joël Pobeda.
Le fondateur de RadioceRos peut tout de même compter sur le soutien du ministère de la Culture, qui s’est déclaré favorable à l’organisation d’une rencontre réunissant des membres de la Sacem, de la SCPP, de la RIAA et de RadioceRos. " Nous allons aussi créer une association pour tenter de faire bouger les choses ", conclut Joël Pobeda. En attendant, RadioceRos tourne au ralenti et a déjà perdu près de la moitié de ses auditeurs.