Un poisson-chat génétiquement modifié est en passe d’être commercialisé aux ...tats-Unis. Lâché dans la nature, il pourrait détruire plusieurs espèces de plantes et de poissons.
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Le poisson transgénique n’est pas forcément bon pour la santé. Avant de commercialiser ce type de produit, mieux vaut effectuer une batterie de tests pour évaluer les risques qu’il présente pour notre bien-être. Consommateurs, scientifiques et gouvernements sont d’accord sur ce point. En revanche, peu d’élus se soucient de l’impact de la prolifération de ces drôles de poissons sur la nature. Et si quelques voix se sont élevées pour dénoncer les dangers potentiels du saumon génétiquement modifié anglais sur l’environnement (des Britanniques ont détruit un élevage destiné aux expérimentations scientifiques en 1999), les protestations contre les risques que présentent les poissons-chats trangéniques américains se font plutôt discrètes.
Beignets transgéniques
Selon The Straits Times, Rex Dunham, un chercheur de l’Alabama, s’apprête pourtant à commercialiser ses étonnantes bestioles. Les poissons-chats sont en effet très appréciés dans certaines régions des ...tats-Unis, où les amateurs les dégustent notamment sous forme de beignets. Or, l’ajout de gènes provenant notamment du saumon et de la carpe a doté les poissons-chats de Dunham de capacités qui intéressent bien des éleveurs : ses protégés moustachus sont en effet capables de grossir de 0,9 kg en 12 à 18 mois, alors que les poissons-chats "normaux" doivent attendre 18 à 24 mois pour atteindre le même poids. Et si le chercheur a pris soin, à grands renforts de filtres, de protéger le bassin boueux où s’ébattent ses poissons de l’étang qui le borde, quelques spécialistes de l’environnement font remarquer qu’aucune loi ne l’empêche de lâcher le fruit de ses recherches dans la nature. Or, si l’un des poissons transgéniques de Dunham s’échappait de son enclos pour rejoindre la pièce d’eau, les conséquences sur l’environnement ne passeraient pas inaperçues : les poissons-chats de Duhram détruiraient totalement certaines espèces de poissons et de plantes qui y vivent. Certains chercheurs redoutent aussi que les animaux génétiquement modifiés s’accouplent avec leur cousins "normaux", car cela conduirait à l’extinction de l’espèce "naturelle".
Un vide juridique
Si aucune instance fédérale n’est en mesure d’interdire à Dunham de tenir ses poissons à l’écart de l’étang, le ministère américain de l’Agriculture, qui soutient les travaux du chercheur, lui a tout de même recommandé de prendre quelques précautions. En revanche, en l’absence de législation, n’importe quel chercheur travaillant avec des fonds privés peut lâcher des animaux génétiquement modifiés dans la nature. Aux ...tats-Unis comme en France. Dans ce domaine, les maires de l’Hexagone ne sont soumis à aucune obligation légale. Libre à eux de juger du danger posé par l’élevage d’animaux génétiquement modifiés dans leur commune. D’autre part, pour qu’une association de défense de l’environnement puisse porter plainte contre ce type de nuisance, il faut qu’elle constate le préjudice occasionné : elle ne peut donc agir qu’une fois que le mal est fait. Alors que huit communes d’Ile-de-France viennent d’interdire la culture des OGM sur leurs territoires, les élus locaux soucieux du respect de l’environnement vont à présent devoir se pencher sur l’élevage des animaux transgéniques sur les terrains qu’ils administrent.