Découverte scientifique capitale ou simple effet d’annonce ? Face à la découverte de la société Syngenta, qui serait parvenue à compléter la carte du génome du riz, certains scientifiques restent sceptiques.
D’après un communiqué paru le vendredi 26 janvier 2001 sur le site de Syngenta, les chercheurs de l’Institut de recherche génétique de ce spécialiste des semences génétiquement modifiées sont parvenus à compléter la carte du génome du riz. Ce résultat serait le fruit d’une collaboration entre Syngenta et la société Myriad Genetics, une entreprise qui dispose d’une pléiade d’outils performants destinés à la découverte du génome de plantes ou d’animaux.
Un riz riche et résistant
Cette découverte marque - théoriquement - une étape importante dans l’histoire du séquençage du génome des graminées. "Contrairement aux autres graminées, le riz possède un génome relativement simpleLe séquençage des gènes du riz devrait donc servir de modèle pour les autres graminées, dont le génome est moins accessible." Mais, au-delà de la découverte scientifique, ces recherches représentent aussi un enjeu économique important. Le riz sert en effet de base à l’alimentation de milliards de gens à travers le monde. Une fois identifiés non seulement les gènes du riz, mais aussi leur fonction et la façon dont ils travaillent, les scientifiques pourront améliorer l’apport nutritionnel ou la résistance de cette plante à certaines maladies. Les résultats de Syngenta vont donc sans doute faire l’objet de bien des convoitises de la part de gouvernements et de laboratoires du monde entier.
L’effet Monsanto
Or, si le semencier prévoit d’exploiter ces résultats à des fins commerciales, à travers la mise sur le marché de semences génétiquement modifiées, il affirme vouloir aussi les mettre - gratuitement - à la disposition des pays en voie de développement. L’initiative semble généreuse. Mais ces bonnes intentions se concrétiseront-elles ? "L’an dernier, Monsanto, spécialiste des OGM, avait fait la même annonce par rapport au génome du riz, et offert les mêmes garanties quant à la disponibilité de ses résultats, rappelle Francis Galibert. Mais la carte du génome du riz qu’ils avaient établie n’était pas aussi précise que prévue, et leur données se sont révélées moins accessibles que ce qu’ils avaient annoncé." La prudence est donc de mise. D’autant plus que, d’après le généticien, le titre du communiqué de Syngenta ("Les chercheurs complètent la carte du génome du riz") ne signifie rien : "Une telle carte correspond au positionnement des marqueurs du génome. On peut établir une carte à partir de 100, 100 000 ou un million de marqueurs. Elle peut être plus ou moins précise, mais elle n’est jamais complète."