Alain Lambert président de la commission des finances du Sénat a chatté en direct avec les internautes jeudi dernier, à l’occasion de la discussion budgétaire. Et répondu à des questions qu’on ne pose jamais dans l’hémicycle.
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Vous ne savez pas quoi faire un jeudi soir entre 19 et 20 heures ? Vous auriez dû, jeudi 30 novembre, aller sur le site du Sénat pour chatter avec Alain Lambert, sénateur (Union centriste) et maire d’Alençon (Orne). Les sessions budgétaires du Sénat - vingt jours au minimum - ne sont pas encore cotées au box-office du spectacle démocratique, mais, somme toute, la prestation du président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, a fait un tabac. Trente questions posées par des internautes à l’heure des infos régionales de France 3. Sur l’écran du président, elles s’affichent en rose, suivies de réponses en bleu.
L’écran du président
Ah ! l’écran du président... Plat, gris, élégant, "spécialement commandé pour ne pas déparer le bureau de ce lieu classé", explique le sénateur. Une pièce parée de tapisseries, de tentures, d’échantillons sans âge extraits du mobilier national. L’internaute, derrière l’écran, l’imagine-t-il ? Vanessa, n’est-ce pas charmant, est la première à poser sa question. Une vraie bonne première question comme on aimerait en entendre plus souvent. Le modérateur de Canal chat, organisateur de la sauterie, a-t-il un réel talent de sélection, ou est-ce la vraie question initiale tombant sur le Réseau ? À vous de juger : "Pouvez-vous nous dresser un petit tableau très bref du budget 2001 actuellement ?" Assis sur le bord de son bureau, le sénateur répond (voir l’ensemble du chat, récrit en français, sur le site du Sénat). Plus exactement, il dicte la réponse à un technicien de Canal chat, mobilisé pour l’occasion. "J’ai l’impression de dicter", dira-t-il plus tard. Eh, oui ! C’est qu’il aurait aimé frapper lui-même sur le clavier, ce notaire de profession qui a pris des cours de dactylo dans les années 70. On sent qu’il piaffe. Aimablement. À une question sur "l’absurde baisse de vingt centimes de l’essence", Alain Lambert acquiesce. Oui, il s’agit bien d’une mesure "dont l’efficacité reste à démontrer". "Efficacité, c’est bien gentil...", intervient le collaborateur, muni de fiches, qui l’assiste. "C’est mon côté démocrate chrétien, ça", s’excuse presque le sénateur.
Mariages sur le Web
Fiscalistes, chambres de commerce, contribuables lambda, noms de code ad hoc (Taxman, Lilith), l’ensemble des chatteurs fait dans le sérieux. Le modérateur a évacué les interrogations provoc’ ou débiles. Le sénateur est content. Il a pu expliquer, plusieurs fois, que tout endettement trop lourd de l’...tat aujourd’hui se répercutera sur les enfants des contribuables actuels. Que les fonds secrets mériteraient d’avantage de clarté mais qu’ils sont nécessaires. Qu’il est l’auteur de deux rapports à lire d’urgence.
Alain Lambert est content. C’est sa deuxième expérience, après un chat organisé à l’occasion de la fête de l’Internet l’année dernière : "C’est quand même pas les mêmes questions qu’on pose dans l’hémicycle !" Une petite heure de démocratie directe, avant d’y retourner : le débat budgétaire, interminable, reprend à 21 heures. Entre temps, il aura peut-être le temps de consulter la base de données de la mairie d’Alençon, comme il le fait souvent, pour avancer, à distance, son travail de maire. Le Sénat abrite tout de même sous ses antiques lambris, le premier élu de France qui a eu l’idée saugrenue de faire filmer, pour le web, les mariages célébrés dans sa bonne ville.