Jacques Rosselin, fondateur de canalweb et ex-créateur de Courrier international, n’a jamais caché que c’était Josh Harris, le fondateur de pseudo.com, qui lui avait "soufflé" l’idée de se lancer dans la télévision sur Internet. Interview.
Pseudo.com a fermé ses portes lundi 18 septembre. Votre réaction ?
C’est une triste nouvelle. J’y vois plusieurs explications. D’abord, ils ont toujours diffusé un contenu à la fois très alternatif et très new-yorkais. Cette ambiance sulfureuse, ce côté "télé locale", ne convenait pas aux annonceurs. Ensuite, Josh Harris a quitté l’entreprise avant qu’elle ne soit stabilisée. Il avait compris la télé du futur dès 1993, mais depuis son départ en 1999 pseudo était devenu un bateau ivre. Il n’y avait plus, à bord, de "vision" de la société. Enfin, Larry Lox (le prédécesseur de David Bohrman, ndlr) a aussi multiplié par dix les dépenses, jusqu’à 4 millions de dollars par mois !
Vous-même avez souvent cité Pseudo en exemple. Son échec ne vous effraie pas ?
C’est vrai que c’est Josh qui, au départ, m’a donné l’idée de faire Canalweb. Mais nous avons immédiatement appuyé notre croissance sur les télévisions thématiques. Nous faisons, nous, de la télévision numérique, sur un modèle de télévision "à centre d’intérêt", avec de puissants partenaires. Nous avons créé TV Bourse.net avec la Bourse et la Cote Bleue, un réseau de télévisions locales avec cinq gros titres de presse régionale, de la télévision "corporate" avec la FNAC et Darty. Notre croissance est "maitrisée". Nos actionnaires ont investi 130 millions de francs pour faire de la télé régionale, de la télé thématique, de la télé financière, de la télé corporate, et pour préparer le défi du haut débit.
Pour vous, l’idée de télé sur le Net n’est pas morte ?
Bien sûr que non. D’ailleurs, il n’y a pas "un" modèle de télé sur le Net. Michel Field, avec alatélé.com, va faire de la production. Le Suédois kmera.com va, lui, encoder des contenus classiques pour les revendre à de gros sites. Chez cyperus.com, ils vont faire des prestations commerciales, de la diffusion de communiqués, ils travaillent sur le "b to b". Ce sont autant de "modèles" différents.