La société ProjetWeb a mené une vaste étude à propos de la "sécurité transactionnelle" sur le Web français. Bilan ? Peu de crypto, ou de bas niveau, peu d’information sur la sécurité des données transitant entre l’internaute et les sites... Une démarche intéressante qui en appelle d’autres.
ProjetWeb est une webagency, même si elle refuse cette étiquette. Elle prétend créer des liens. Entre internautes et sites. Et c’est bien parti, avec la publication d’une étude qui a fait le tour des rédactions et du Web français. Les auteurs ont passé au crible 319 sites "de commerce électronique au sens strict", c’est-à-dire qui offrent une "possibilité de paiement à distance par carte bancaire (boutique en ligne) ou des fonctionnalités engageant financièrement l’internaute (passage d’ordre de bourse en ligne), ou encore, l’accès à des informations personnelles confidentielles comme le contenu de ses comptes bancaires". Le constat réalisé est en effet alarmant. "Moins de la moitié des sites utilisent 128 bits, moins d’un quart informent réellement les internautes sur la sécurité. Les sites de banque sont les plus pauvres en sécurité et en information des visiteurs", concluent les auteurs de l’étude...
Le problème – et ProjetWeb le dit en préambule –, c’est que ce genre de recherche ne peut être menée que sur la partie transactionnelle entre le poste de l’utilisateur et le serveur. On ne peut observer depuis Internet que ce qui se passe sur le site. On peut savoir par exemple s’il utilise la cryptographie pour véhiculer les données, mais pas si elles sont bien protégées une fois sur place. Pourtant, c’est justement le problème essentiel. Or, pour savoir si la sécurité des sites est effective, il faudrait lancer des scanners de vulnérabilités comme QualysGuard, ISS ou StrongHoldNet. Il est peu probable que les entreprises choisies comme cobayes apprécient. Pourtant, si elles n’ont rien à cacher et sont sûres de leur niveau de sécurité, il n’y a aucune raison de s’inquiéter...
ProjetWeb reproche justement à nombre d’entreprises de ne pas communiquer sur leur politique sécurité. Rien n’empêcherait les sites qui tentent de faire du commerce (transactions en tout genre) sur le Net d’afficher leur engagement dans ce sens. Mais un engagement global, car la sécurité est une chaîne dont tous les maillons doivent être sécurisés. Il ne serait donc pas inutile que les entreprises affichent clairement le fait que leurs réseaux et serveurs sont régulièrement audités par des sociétés de sécurité informatique, plutôt que d’apposer un sceau (lié à la politique de privacy) quelconque et qui ne garantit rien.
Prenons un exemple réel. Un assureur qui a pignon sur rue et qui propose aux internautes de consulter leurs dossiers sur le Web. Les données ne sont effectivement pas cryptées pendant leur transport. Mais il faudrait pas mal de volonté au pirate pour attraper ce flux. Et il ne trouverait que celui d’un client. En revanche, il est si simple de consulter la base de donnée reliée au site... Le login et le mot de passe forment le slogan publicitaire de l’assureur... Trop simple. Le bug qui permet de connaître ces informations est très ancien et rien n’a été fait pour le réparer. L’assureur se met dès lors dans son tort puisque la loi de 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés impose aux entreprises "effectuant un traitement d’informations nominatives" de s’engager "de ce fait, vis-à-vis des personnes concernées, à prendre toutes précautions utiles afin de préserver la sécurité des informations et notamment d’empêcher qu’elles ne soient déformées, endommagées ou communiquées à des tiers non autorisés". Ne pas prendre ces précautions peut valoir cinq ans d’emprisonnement et 2 000 000 F d’amende. Mais c’est sans doute un autre débat...