Avec un bénéfice net de 2,82 millions de dollars au deuxième trimestre, l’ex-prodige de la netéconomie, durement touchée par le e-krach, semble reprendre du poil de la bête.
Bénéfice net : 2,82 millions de dollars au deuxième trimestre. Incroyable mais vrai, Priceline la miraculée gagne de l’argent, peu après avoir touché le fond du Nasdaq. En 2000, pour la même période, ses pertes étaient de 11,7 millions de dollars.
Créée en février 1998 par l’américain Jay Walker, la start-up repose sur un business model breveté, qu’on peut résumer au principe "Name-your-own-price" : vous annoncez le prix auquel vous êtes prêt à payer un billet d’avion Paris-New York, et vous attendez qu’un vendeur accepte vos conditions - ou non. Au départ spécialisée dans les voyages aériens, l’entreprise qui avait réussi à attirer des millions de dollars en capital-risque, s’était ensuite diversifiée dans l’hôtellerie, l’essence, l’épicerie... Diversifications hasardeuses qui ont précipité sa chute, l’une des toutes premières du krach de l’an 2000. Le titre Priceline était tombé en dessous d’un dollar.
Règles comptables élastiques
Depuis, l’investisseur asiatique Li Ka-Shing est arrivé en sauveteur. Il a viré le P-DG, injecté quelques liquidités supplémentaires - Priceline avait heureusement déjà un bon petit matelas de capital-risque, qui lui a permis de ne pas crever dans l’intervalle. Le New York Times ironise toutefois sur cette étrange guérison, qui prend quelques libertés avec les règles comptables : Priceline pratiquerait aussi le modèle du "Name-you-own-accounting-rules". Par exemple, les indemnités du P-DG remercié, soit 5,4 millions de dollars, n’apparaissent pas dans les livres de comptes. Par ailleurs, les bénéfices de Priceline ne pèsent pas lourd sur un chiffre d’affaires de 365 millions de dollars (2,7 milliards de francs). Les nouvelles rentrées d’argent seraient liées au marasme économique, qui pousse les tour-opérateurs à casser leurs prix, et les voyageurs à acheter à bas prix sur Priceline. Une hirondelle ne fait pas le printemps : les analystes ne s’avancent pas à prédire un retour en grâce des start-ups dans le sillage de Priceline.