Bristol-Myers Squibb permet la distribution en Afrique d’une version générique d’un de ses produits. Mais les autres laboratoires n’ont, pour l’instant, pas suivi cette initiative.
Véritable élan du cœur ou simple tentative de sauver son image de marque ? En tout cas, le revirement de Bristol-Myers Squibb (BMS) concernant sa politique à l’égard de la lutte contre l’épidémie du Sida en Afrique constitue une bonne nouvelle. Le laboratoire pharmaceutique a annoncé mercredi 14 mars qu’il ne s’opposerait plus aux fabricants de médicaments génériques qui produisent une copie bon marché de Zerit, un de ses traitements contre le Sida. En outre, BMS s’est engagé à réduire le prix du traitement combinant Zerit et Videx (un autre de ses produits) pour le marché africain. Ce cocktail médicamenteux coûte 18 dollars par jour aux ...tats-Unis et devrait être proposé à un dollar par jour en Afrique, soit en dessous du prix de revient, d’après les déclarations de BMS.
L’impact de la campagne MSF
La campagne de Médecins Sans Frontière (MSF) n’est pas étrangère à la décision du laboratoire. En effet, MSF avait demandé à Yale University d’autoriser l’importation en Afrique du Sud d’une version générique de Zerit, dont le brevet est co-détenu par l’université. Cette dernière a d’abord refusé, arguant du partage de la paternité du traitement avec Bristol-Myers Squibb. Mais parallèlement, elle émettait un communiqué expliquant que la balle était dans le camp du laboratoire et que Yale ne s’opposerait pas à un tel geste humanitaire.
Des laboratoires cyniques
Apparemment, BMS a bien reçu le message. La semaine dernière, c’est Merck qui avait fait un premier geste en annonçant des efforts sur les prix de deux de ses produits. Mais les autres laboratoires semblent pour l’instant rester sourds au drame sanitaire qui se déroule en Afrique. Si Hoffman-LaRoche déclare poursuivre ses réflexions, GlaxoSmithKline a émis une fin de non recevoir sur la question des médicaments génériques. Pourtant, l’ensemble des grands laboratoires pharmaceutiques dégage chaque année 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont seulement 2,5 % sont liés à des traitements contre le Sida. Un geste fort pour cette catégorie ne les mettrait donc pas en péril. Mais, plus soucieux de leurs bénéfices et des dividendes qu’ils pourront distribuer à leurs actionnaires, de nombreux laboratoires estiment avoir fait suffisamment d’efforts sur les prix de leurs produits en Afrique. Et préfèreraient que les gouvernements des pays riches ou des fondations privées financent l’achat au prix fort des traitements par les patients africains.