L’association des utilisateurs de Linux dénonce la culpabilité de Microsoft dans la propagation du virus ILOVEYOU. Elle estime que les utilisateurs devraient porter plainte contre l’éditeur.
"Microsoft est responsable des dégâts causés par ILOVEYOU", annonce l’AFUL. Dans un communiqué, l’association française des utilisateurs de Linux et des logiciels libres détaille les raisons pour lesquelles, selon elle, les désordres entraînés par le virus à l’échelle planétaire sont imputables à la firme de Bill Gates. L’AFUL rappelle tout d’abord que ILOVEYOU s’est attaqué uniquement aux ordinateurs équipés de Windows, le système d’exploitation de Microsoft. "Le virus a été conçu plus précisément pour les applications bureautiques ou de courrier électroniques de Microsoft exploitant le langage Visual Basic, poursuit l’AFUL, et notamment un trou de sécurité du logiciel Microsoft Outlook, connu dès 1998."
L’association reproche donc à la firme "de ne pas avoir corrigé les défauts de sécurité de ses logiciels en un temps raisonnable". S’appuyant sur le droit de la consommation, elle estime que les utilisateurs atteints par le virus sont en mesure d’exiger de l’éditeur un dédommagement.
L’AFUL n’hésite pas à anticiper sur la défense de Microsoft : elle juge "contraires au droit" les clauses de non-responsabilité incluses dans les contrats de licence des logiciels que l’éditeur pourrait mettre en avant pour se dégager de toute responsabilité.
"L’usage généralisé de logiciels libres et de standards ouverts dans l’administration française aurait permis d’éviter que l’...tat ne contribue à la dissémination du virus", conclut par ailleurs l’AFUL. Profitant de l’émoi causé par ILOVEYOU, l’association demande au gouvernement l’inscription à l’ordre du jour de la proposition de loi de quatre députés socialistes rendant obligatoire l’accès au code source des logiciels utilisés par l’administration.
Questions à Stéphane Fermigier, président de l
Stéphane Fermigier, président de l'AFULJulie Krassovsky |
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: Pourquoi conseillez-vous aux utilisateurs de Windows et d’Outlook de se retourner contre Microsoft ?
Nous ne leur donnons pas de conseil, nous les invitons à placer Microsoft devant ses responsabilités. La firme a imposé l’idée d’une informatique très facile à utiliser mais elle a oublié un paramètre vital : la sécurité. Chose que Linux, à l’inverse, n’a pas sacrifiée. Microsoft est aujourd’hui bien parti pour continuer à imposer son monopole, nous menons toute action qui puisse aller à son encontre.
N’est-ce pas également un bon coup de pub ?
Pas du tout. Nous souhaitons sensibiliser le public au fait qu’un bon système d’exploitation et un bon logiciel ne devraient pas présenter de telles failles de sécurité.
Pensez-vous réellement que des consommateurs se lancent dans un procès contre Microsoft ?
On aimerait bien. Le virus ILOVEYOU aurait fait, semble-t-il, près de 10 milliards de dollars de dégât. Je trouverais bizarre que personne ne porte plainte. Le problème, ensuite, c’est que ça peut durer dix ans.
Microsoft, pour votre association, c’est l’ennemi à abattre...
Non, ce n’est pas "l’ennemi à abattre". S’ils faisaient un bon logiciel, il n’y aurait pas de problème. Nous ne serions pas opposés, par exemple, à ce qu’ils développent des logiciels capables de tourner sous Linux. Simplement dans le cas de ILOVEYOU, les autorités prétendent chercher le responsable. Or pour moi, il ne s’agit pas du gars qui a développé le virus. Dès 1998, des experts ont alerté Microsoft des failles de sécurité présentées par Outlook. En deux ans et demi, l’entreprise n’a pas été capable de les réparer. Pour moi, le responsable de toute cette histoire, c’est Microsoft.