Le ver Code Rouge a déclenché une vague d’interrogations sur le concept de full disclosure. Dernière position amusante en date, celle de Bruce Schneier, éditeur de la mailing list Crypto-Gram.
Transfert s’était fait l’écho d’interrogations qui traversent le petit monde de la sécurité informatique à propos des méfaits de la politique de full disclosure (publication de tous les bugs). Certains prônent en effet l’anti-disclosure. Et cela depuis bien avant l’apparition du facétieux ver Code Rouge. Quoi qu’il en soit, il n’est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions et voici donc toute la " communauté auto-proclamée des super avis autorisés en matière de sécurité informatique " qui s’interroge. Ne sommes - nous pas allés trop loin avec ce concept de full disclosure ? Même Aleph1, le modérateur de la mailing list Bugtraq -dans laquelle passent toutes les publications sur les problèmes de sécurité- a laissé se créer une discussion sur ce thème, ce qu’il n’avait pas autorisé depuis des lustres. Mais en bon fanatique du concept, il est resté droit dans ses bottes : full disclosure for ever ! Le full disclosure est élevé au rang de religion, façon fanatisme, par bon nombre de personnes, au même titre qu’il y a des guerres de religion relevant de l’obscurantisme entre linuxiens, adeptes de Windows ou de Mac... Dernier gag en date, les petites réflexions de Bruce Schneier, éditeur de la mailing list Crypto-Gram. Dans sa lettre publiée le 15 août, il glisse au détour d’un paragraphe que les vrais coupables dans cette histoire, ce sont les petits gars d’eEye qui ont trouvé la faille exploitée par Code Rouge. Ils sont, à ses yeux, coupables d’avoir publié cette faille. La discussion est sans fin. S’ils ne l’avalaient pas publiée, quelques personnes moins amicales l’auraient trouvée et exploitée dans l’ombre. Vaut-il mieux être au courant des failles pour les patcher ou prier pour que personne n’ait trouvé un bug et soit en train de l’utiliser pour pirater votre réseau ?
Coup de pub
Bruce Schneier est assez mal venu de jeter la pierre aux hackers de eEye. Il est en effet l’instigateur du projet Honeynet. Ce " bidule " est sensé permettre à la communauté des spécialistes en sécurité informatique de mieux connaître les méthodes de piratage des serveurs. En effet, Honeynet est un réseau reconstitué et mis en ligne quelque part. Il est attaqué, mais tout est sauvegardé et analysé en détail par des pointures. Belle idée de départ. Sauf que... Honeynet est principalement la cible de script kiddies qui ne développent rien de très sophistiqué. Donc, les bénéfices de l’opération sont assez nuls. De plus, les hackers embringués dans ce projet sont au top et n’ont sans aucun doute rien à apprendre des attaques lancées contre le projet. Certains le reconnaissent en privé. Bruce Schneier se fait donc un gros coup de pub pour pas cher avec ce projet. Rien de plus (ou presque). Enfin, certains membres du Honeynet sont des hackers qui ont franchi la ligne. Et ils ont produit des outils de piratage responsables de hacks massifs de réseaux et de sites. Massifs peut se traduire aisément par centaines de milliers. On est donc dans les ordres de grandeur de Code Rouge. Bruce Schneier ne peut pas ne pas connaître les CV des gens embarqués avec lui dans ce ridicule pot de miel du net. Alors ? Va-t-il leur jeter la pierre aussi ? Et, si oui, quand ?